



PHENOMENA


Une adolescente arrive dans une luxueuse pension suisse.
Un tueur mystérieux frappe alentours, décimant et décapitant les jeunes filles.
Jenifer va immédiatement basculer au coeur de l'intrigue et utiliser ses étonnants pouvoirs psychiques (elle a la faculté de communiquer avec les insectes) pour dénouer les entrelacs des crimes et des fausses pistes.
Un entomologiste, une guenon, des crises de somnambulisme et des rêves étranges et, surtout, des mouches, se feront les signes et les appuis qui lui permettront de démasquer et d'éliminer le psychopathe.
Sorte de fantasmagorie symbolisant le passage de l'enfance à l'age adulte, "Phenomena" utilise comme toujours les ressorts du giallo et ceux du conte et mélange l'onirisme, la science, le gore, la parapsychologie, l'enquête policière et la psychanalyse, le hard-rock, le Symbolisme et "Alice au pays des merveilles".

Une nouvelle fois, le résultat abouti à un film hybride, immédiatement identifiable à son auteur, qui joue sur une multiplicité des registres et des références ; beau, absurde, dur et métaphorique tout en même temps.


Mais, plus que la résolution de l'énigme "policière" et l'identification finale du tueur (ce qui reste, après tout, toujours prétexte chez le réalisateur) , ce qui intéresse et ce qui est réellement raconté ici, c'est le cauchemard (ou la merveille) de l'Enfance et de l'Adolescence et le poids, l'horreur et les dérives de la "parentalité".
Jenifer, fille d'une star de cinéma est complètement livrée à elle-même.
Son existence et ses besoins gèrés par l'argent de son père, elle est ballotée d'institutions en institutions.
Pauvre petite fille riche, enfant murie avant l'age, elle a développé des capacités particulières qui la handicappent (elle effraie et suscite le rejet) autant qu'elles la réconfortent et l'aident constamment.








Mais la monstruosité, l'anormalité de ces deux là n'est-elle pas, après tout, moins choquante que celle des adultes qui les entourent : lâches, secs, égoïstes, brutaux et vicieux, autoritaires et inflexibles, menteurs et faux ?
Leur différence a une pureté, une sincérité que les adultes ont perdu.
Jenifer communique avec les insectes qui la considèrent comme l'une des leurs alors que ses camarades et professeurs la craignent, l'étiquètent et l'excluent.







Le monstre tue, oui, mais n'est-ce pas la terrible conséquence de la honte et du manque d'amour de sa mère , une mère qui ne sait que le cacher (aux autres mais également à lui-même (elle voile tous les miroirs)), l'attacher, le traiter comme un animal et finalement l'utiliser pour assouvir sa propre furie, sa propre vengeance .


On n'est pas (ou mal) aimé ; on est abandonné (voir, au tout début du film, la jeune fille (Fiore Argento, fille du réalisateur) oubliée par son autobus ; Jenifer raconte à sa camarade de chambrée comment sa mère est partie brusquement, le soir de Noël, sans prévenir ; et son père, acteur à succès, tout à sa carrière, l'a, lui aussi, abandonnée...) ;



On est méprisé, haï, relègué dans des pensions ou des souterrains, des prisons ; seul et en même temps sous le joug constant d'autorités finalement malveillantes (l'Ecole, les parents, les médecins, les adultes en général..).




(à suivre...)
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