Attention, spoilers !

La plupart des critiques et des développements proposés dévoileront des indices et des informations qui pourraient fausser l'effêt de surprise et révèler les dessous et les résolutions des oeuvres citées ...

A bon entendeur ...


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dimanche 25 mars 2012

Deliziosi Gialli 24 : The Case of the Bloody Iris / Perche quelle strane gocce di sangue sul corpo di Jennifer ?





THE CASE OF THE BLOODY IRIS
PERCHE QUELLE STRANE GOCCE DI SANGUE SUL CORPO DI JENNIFER ?
LES RENDEZ-VOUS DE SATAN




Des meurtres sont commis sur des jeunes femmes habitant toutes le même immeuble.
Cela n'empêche pas Jennifer et son amie Marylin, mannequins de charme, d'emménager dans l'appartement de la dernière victime.
Le tueur masqué de noir ne tardera évidemment pas à leur apparaître et Jennifer échappera plusieurs fois de justesse à la mort.
Qui se cache donc sous la menaçante panoplie ?  Qui a ainsi décidé de d'éliminer toutes les trop jolies  femmes ?
Bien entendu, le voisinage s'avère particulièrement louche :
Cette étrange vieille bigotte amatrice de récits sanglants, ce vieux professeur joueur de violon, sa fille aussi belle que surprenante, cet ex-mari violent et gourou d'une secte partouzeuse ... propriétaire de cabaret véreux ou fils caché, arrièré et hideux ... une véritable galerie des monstres !
Andréa, le fringant propriétaire de l'immeuble semble pourtant le suspect le plus probable : tout l'incrimine ! ; Et, bien que Jennifer en soit amoureuse, elle est finalement contrainte de se rendre à ce qui paraît être l'évidence ... à moins que ..!



Un assassin tout de noir vêtu, cagoulé, chapeauté, ganté, la main dégainant une lame-scalpel, des pépées bien roulées aux charmes régulièrement mis en valeurs, un bellâtre, une paire de flics plutôt réjouissante, des crimes intrigants, une floppée de suspects ... le tout saupoudré de musique lounge : retour au giallo le plus traditionnel.





Côté distribution, la fine fleur du genre (Edwige Fenech, George Hilton, Annabella Incontrera, Georges Rigaud, Carla Brait ...), l'incontournable Ernesto Gastaldi au scénario, Bruno Nicolai pour la musique et un habitué du western-spaghetti ("Sartana") aux manettes : Giuliano Carnimeo (dont le film restera d'ailleurs l'unique giallo).






Autant le dire tout de suite "The Case of the bloody iris" est plutôt sympathique.
On retrouve ici le ton "léger ", la plastique, les ambiances (et la distribution) d'un Sergio Martino .... avec moins de talent et d'inventivité cependant.
Le rythme est soutenu tout du long et on ne s'ennuie pas un instant.
La Fenech nous sort le grand jeu habituel : l'oeil brillant, la peau de lait et le mamelon ferme, George Hilton dégaine sa dentition ultrabrite et le sempiternel duo de policiers sert un humour bon enfant ici plus prononcé que jamais.
Dispensable pour le giallophile exigeant, cette oeuvrette n'inove en rien, on l'aura compris, se contentant de décliner (élégament mais là encore sans grande originalité) tous les poncifs du genre : cela fait tout son charme ... comme ses limites.






Le décor très urbain (Turin) se décline en immeubles, galeries, intérieurs et cages d'escaliers, en une constance des verticales, des parois, des habitacles (pièces, ascenseurs, voitures ...) qui enferment, entourent, contraignent constamment sans que les personnages eux-mêmes en aient toujours conscience.
Carnimeo et son chef op. soignent leur cadres et leurs ambiances en jouant souvent sur cet enfermement (le premier meurtre dans l'ascenseur, les agressions de Jennifer, un cimetière de voitures comme une forêt de carcasses, la scène dans la chaufferie où l'espace clos parait se dilater, se muer en labyrinthe ... ) et les rappels graphiques (ces piliers récurents des entrées d'immeubles, la fenêtre d'une villa aux motifs très "Mondrian", la piste du night-club ...) vont dans le même sens.
C'est qu'un tueur sévit et que nul ne peut lui échapper (pas même à l'extérieur au milieu de la foule (elle aussi finalement emprisonnante) !)











On pense fugacement au beau "Tenebre" que Dario Argento concoctera une dizaine d'années plus tard (la ville omniprésente, le meurtre au milieu de la foule, le lesbianisme, une fille face au tueur et "enfermée" dans le sous-pull qu'elle allait retirer ...) ; rien de comparable ni au niveau du ton ni de l'esthétique ni du talent,  les coincidences sont là néanmoins.

 Côté crimes rien de vraiment cruel ni spectaculaire (meurtres à l'arme blanche, noyade, jet de vapeur brulante au visage ...) mais leur mise en  scène est suffisament soignée et respectueuse des conventions pour emporter l'adhésion.






Pour ce qui est de l'érotisme, le réalisateur parséme tout son récit d'allusions sexuelles : Jennifer et sa copine sont modéles pour des photos de charme ( Andrea, le héro, assiste à une séance style peinture sur corps où la poitrine impeccable de la belle Edwige le fait craquer illico), l'héroïne a fuit un mari dérangé qui la considérait comme un objet de plaisir et la forcait à participer à l'échangisme d'une secte très portée sur la chose ( l'occasion de flash-back kitschissimes et savoureux où la Fenech, offerte et nue, se voit tour à tour couverte de fleurs (les fameux iris du titre) et des caresses mollassones d'une bande de hippies nudistes sous LSD), Mizar, la deuxième victime était strip-teaseuse dans un night-club, le fils monstrueux de la vieille voisine s'introduit chez les jeunes filles pour les tripoter et assouvir ses manques ... et de coups de fil et de coups de foudre en rendez-vous galants, de déclarations et de propositions plus ou moins directes et anonymes en scène d'amour sur tapis blanc, le sexe s'avère l'une des principales préocupations des personnages.







L'homosexualité (aussi bien masculine (le photographe) que féminine (le personnage de Sheila, ces filles au téléphone ...)) ne manque d'ailleurs pas à l'appel (et elle n'est d'ailleurs jamais stigmatisée (le gimmick qui ouvre et clos le film (des rendez-vous secrets entre filles !)) - Autres clins d'oeil savoureux aux archétypes pris à contrepied : cette lettre d'amour anonyme (finalement écrite à une femme par ... une autre femme ou le singulier numéro de strip-tease de Mizar qui propose à un homme du public de lutter avec elle durant 3 mn (s'il gagne, il pourra tout lui demander - or, la belle s'avère une combattante hors-pair !))
Et le mobile du meurtrier evidemment aussi cinglé que réactionnaire, se révèlera finalement (et plutôt platement) une enième (et extremiste !)  révolte contre toute cette dépravation ambiante !




Enfin bon, nous avons beau nous trouver en pleine période de libération des moeurs ( le film date de 1972), Carnimeo peut bien dénuder régulièrement ses actrices et soumettre sa giallo-queen à des tentatives de viol répètées ( constamment instrumentalisée,désirée, palpée, malmenée, ses vêtements photogéniquement arrachés à la moindre altercation ...), tout ça demeure tout de même bien soft et bien gentillet.



 
Traditionnellement, le récit sans nuances oppose des vieux (et des flics) plutôt rétrogrades à une jeunesse insouciante et libérée (décervelée ? voir le personnage de Marylin, la coloc de l'héroïne, plutôt vénale et indifférente (elle simule une tentative de meurtre, singeant celui de l'ancienne occupante de son appartement - une mauvaise plaisanterie !))
Typé et finalement attachant, le sempiternel duo de policiers dévoile des habitudes fantasques (le commissaire philatéliste profite de ses investigations pour acquérir des timbres rares ; les meubles à archives se révèlent des mini-bars ...)


La mise en scène plutôt léchée connait également bien ses classiques, jouant sur les miroirs et les reflets et sur l'habituel fétichisme (cette fois des iris, des gants jaunes, un couteau-bistouri, le son d'un violon .... parsèment l'intrigue de leurs signaux (ici dépourvus d'enjeux)).
La photographie est pas mal, les cadrages parfois notables, les couleurs (primaires) traditionnellement utilisées ;  avec mesure et sans esbrouffe aucune cependant ... 







Et une nouvelle fois, l'un des personnages principaux endosse jusqu'au bout la responsabilité du seul véritable (et maigre) suspens de l'intrigue : est-il, oui ou non, le coupable ?

 

On a connu Gastaldi, le scénariste, beaucoup plus inspiré et retors, et ce ne sont pas les interventions lourdingues de l'ex-mari à la jalousie agressive ni celle du secret d'une vieille voisine qui suffiront à pimenter ni intensifier une enquête dépourvue de véritables surprises.





Bon - On l'aura compris, les éléments présentés de cette manière, tout ici est décidément "light" !
Schématique, ultra-conventionnel, dépourvu de finesse, d'angoisse ou de cruauté, le récit se contente d'aligner les poncifs et les passages obligés ... à un rythme assez trépidant.
Car, et c'est ce qui fait toute le force du film (outre sa plastique et une mise en scène globalement irréprochable), ça n'arrête jamais : événements, épisodes, crimes, poursuites ou découvertes se succèdent sans que le moindre véritable temps mort ne relache le tempo.
Du coups, on est littéralement happé malgré tout dans le feuilleton généreux de l'intrigue !

Pas grand chose à rajouter au final sur ce "Case of the Bloody iris" qui, curieusement manque autant de saveur qu'il demeure cependant très plaisant ...
Evidemment mineur, traité sur un mode acidulé et humoristique finalement constant (les scènes de meurtre elles-même manquent de la dose d'effroi et de sadisme qui fait toute la différence ou alors elles sont désamorcées par les non-sens, la supperficialité et le manque de tension généraux) ce giallo trop léger manque indéniablement de personnalité.
Visuellement très marqué dans son époque (contrairement à d'autres qui n'ont pas pris une ride et surprennent aujourd'hui encore par leur modernité ou leur inventivité), ce film s'inscrit seulement comme un sympathique produit de série B.
Nostalgiques de la mini-jupe, de l'érotisme "à la papa" période carré blanc, amoureux du vintage, giallophiles débutants ... ce condensé de clichés-bis devrait vous amuser.




Pimpant, plutôt cucul, jamais sérieux ni ennuyeux d'ailleurs, "The Case of the bloody iris" ne prétend pas jouer dans la cour des grands (ce qui est tout à son honneur) et reste un divertissement plus qu'honorable qui nous fera passer un moment agréable ... on peut réclamer davantage, mais ce n'est déjà pas si mal !

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