Attention, spoilers !

La plupart des critiques et des développements proposés dévoileront des indices et des informations qui pourraient fausser l'effêt de surprise et révèler les dessous et les résolutions des oeuvres citées ...

A bon entendeur ...


Que cela ne vous empêche pas de me visiter, de me lire et de me laisser vos remarques.

samedi 16 août 2008

Il était une fois (2) : Peau d'Ane




PEAU D'ANE





Qui ne connait l'histoire ?
Un roi déraisonnable veut épouser sa fille. Conseillée par sa marraine, une fée, la princesse diffère cette union contre nature en exigeant des robes impossibles. Mais le désir du roi venant à bout des épreuves, l'infante n'a comme seule ressource qu'un ultime caprice : la peau de l'âne magique de son père (un animal qui fait de l'or et des joyaux au lieu de crotin !)
S'en enveloppant, celle que l'on nomme dorénavant Peau d'âne s'enfuit, trouve un emploi de souillon dans une métairie et rencontre l'amour sous les traits d'un prince vraiment charmant ! Un gateau où elle dissimule sa bague se fera l'instrument du destin et sonnera la fin de ses mésaventures.
Peau d'âne convole avec son prince, son père avec la fée des lilas et la vie est un vrai conte de fée ?



Cinéaste attachant et trop tôt disparu, Jacques Demy avait vite affirmé un style à nul autre pareil : apparemment léger et chantant, plein de couleurs et d'insouciance, mais en réalité éminemment plus profond et amer.
Sous les allures typiquement pastel et acidulées de son cinéma couvait finalement toute la brutalité, la mélancolie et la complexité de la vie.
Manipulateur, le réalisateur avait le génie de récupérer les genres les plus populaires : le mélo, la comédie musicale, la romance ... pour les adapter, les réinterprêter, les moderniser d'une façon à la fois volontairement artificielle et décalée mais en même temps simple et limpide, toujours pleine de malice, en fin de compte totalement inimitable et merveilleuse.
Chantre d'un monde illusoirement enchanté (et en chansons !) il était logique qu'il s'attaque à la féérie symbolique des contes.
"Peau d'âne", trouble et rebondissante relecture de l'émancipation féminine pleine de magie, d'épreuves et d'allusions sexuelles, conte célèbre et en même temps l'un des plus sombres et des moins "enfantins" (avec "Barbe-Bleue") de Perrault, permet au cinéaste une version encore plus stylisée et extrême de ses obsessions tout en s'avèrant avec le temps un classique pratiquement "culte" de la féérie filmée.
Fidèle à l'écrit, Demy relate point par point tous les mémorables épisodes, choisissant un point de vue, à priori, aussi respectueux que plein de fraicheur et de merveilleux, aboutissant à un vrai spectacle de conte de fée qui pourra satisfaire les enfants comme les adultes.



La seule apparente modernité qu'il s'octroie consiste en ces chansons qui viennent ponctuer l'action et immortaliser un peu plus encore le résultat final.

Catherine Deneuve et Jacques Perrin, archétypes idéaux du réalisateur, se glissent avec candeur dans les délirants atours de leurs parures de prince et de princesse ; quant à Jean Marais, royal, il se prête avec son élégance coutumière à l'hommage discret mais sensible de Demy à Cocteau.



La prose précise et évocatrice, éminament XVIII éme, de Perrault trouve à l'écran une retranscription généreuse, pleine d'imagination, de couleurs, de détails charmants, d'humour et de vivacité.
Et les dialogues et les idées de mise en scène évoquent en clin d'oeil bien d'autres contes ou d'autres adaptations (Le Marquis de Carabas, invité vedette du bal des chats et des oiseaux (Le Chat botté) ; la rose parlante et le perroquet (Blondine, Bonne Biche et Beau Minon) ; la vieille qui crache des crapauds (Les Fées) ; le miroir magique et les cariatides vivantes (La Belle et la Bête) ; le cercueil de verre, le puit plein de colombes, le livre qui s'ouvre du générique (Blanche-Neige) ...)

La magie du conte ravive encore la magie du cinéma : ses effêts spéciaux (même les plus rudimentaires (et les plus poétiques ! Les apparitions de la fée, la ferme "endormie", la robe couleur du temps, la rose-fée ...)), ses coiffures et ses costumes somptueux et créatifs, ses décors mèlant classicisme (les architectures) et pop-art (les intérieurs), naïveté (le décor enfantin de la chambre de la princesse, la cabane dans la forêt, le laboratoire du savant ...) et spectaculaire (le domaine de la fée, la métairie, les chateaux Renaissance ...), kitsch et sobrieté ... , ses artifices décomplexés et magnifiques et, finalement, son "réalisme", l'approche très vériste, frontale et sincère de sa mise en scène ...



Les couleurs tranchées et symboliques, les accessoires poétiques et savoureux (l'orgue de la princesse, le trône-chat du roi, ce lit-paysage, le cercueil en forme de globe, la gondole-paon, le bateau-lit des amoureux, les anachronismes chez la fée ...), les éclairages solaires, pimpants ou bicolores (à la Bava !), les volumes disproportionnés et capiteux des somptueuses parures, façonnent des tableaux inoubliables, à la fois familiers et nouveaux, fidèles et inédits ;


A ce sujet, les scènes intermédiaires de la fuite de Peau d'âne, celles de la ferme, les séquences ayant pour décor la forêt et la cabane de l'héroïne, l'escapade chez la fée ... s'impriment comme une suite de mémorables clichés tout à fait dignes des gravures de Gustave Doré.

Sans rien trahir ni gacher, les anachronismes (pour leur majeure partie associés à la fée : téléphone, hélicoptère, pile éléctrique, référence à Jean Harlow ...) permettent de nouvelles touches humoristiques et situent le conte dans une réalité et une dimension qui n'appartiennent qu'à lui, finalement hors du temps et du monde réel ...


Et qui dit Demy, dit bien entendu musique et chansons !
Michel Legrand a fidèlement astiqué ses claviers, ses cordes et ses violons pour de parodiques et pétulants airs "à la manière de".
La partition, à cheval entre ballade et variétoche, entre pop et musique classique, réunit les influences de Jean Sébastien Bach et d'Anne Sylvestre, du baroque et du jazz pour un résultat aussi attachant, léger et efficace que typique du compositeur.
Les voix fidèles de Christiane Legrand et Anne Germain, déclament de leurs intonations trés 70, très "Aujourd'hui Madame", les paroles et les rimes précises et savoureuses des toniques couplets.
Dans "Les Parapluies de Cherbourg" et "Les Demoiselles de Rochefort" on chantait tout du long un quotidien doux-amer ; on chantait le drame et la fantaisie, l'amour ...
Ici, Peau d'âne attaque les réjouissances avec l' "Amour, amour" justement ; la fée enchaine en vocalises faussement moralisatrices ...

Et la comédie musicale impose définitivement sa suave "french touch" dans les morceaux d'ensemble.
Vers la fin, nous aurons même droit à la recette en chanson du gateau de Peau d'âne (le cake d'amour !) et à un délicat duo des tourtereaux qui se sont rejoints en rêve ! ("Nous ferons ce qui est interdit, nous irons ensemble à la buvette, nous fumerons la pipe en cachette, nous nous gaverons de patisseries ... gnagnagnagnagna gnagna gnagna ...)




A la frontière infime entre fraicheur et mièvrerie, attachement et agacerie, les moments purement musicaux se posent en ponctuation ludique ; mobiles dans le récit et faisant progresser l'action, descriptifs, informatifs ...
Stigmatisant l'insignifiant comme le primordial, exacerbant la portée des morceaux de bravoure, ils parlent encore et toujours de l'amour !
L'amour rêvé, cherché, l'amour senti, projeté ...




Car l'Amour est le moteur et le ressort de toute l'histoire.
L'amour d'un roi pour sa reine défunte et le respect d'une promesse.
L'amour irréfléchi de ce père pour sa fille si belle, plus belle que sa mère encore !
L'amour déçu et revanchard de la fée repoussée par le roi.
La quête d'amour d'un prince charmant apparement romantique (?)
L'amour libérateur, bon enfant (et enfantin !), presque plus fraternel que sexuel du prince et de Peau d'âne.
L'amour interessé des filles convoitant la bague, le prince et la couronne.
L'amour maternel, toujours disponible et soucieux de la reine pour son fils ...
L'amour qu'on espère éternel ; l'amour qui affecte et qui mobilise, qui rend malade et qui fait tourner les têtes et le monde (en bourrique ?) ...
Plus souvent difficiles, contrariées, diffèrées ou inacceptables, toutes ces histoires de coeur s'imbriquent, se téléscopent et s'influencent, nourrissant la dramaturgie.
Toujours inquiet, Demy glisse, l'air de rien, un soupçon de vinaigre dans son sirop : les personnages ont des insinuations fugaces, les chansons des vers sybillins, qui trahissent bien, parfois, la confusion sentimentale, la peur du temps qui passe, la porosité et l'inconstance des passions, le rejet comme l'idéal ..., humanisant finalement ses silhouettes symboliques.

Et le sexe implicite est fréquement sous-entendu.
Outre cet inceste (qui ne choque d'ailleurs jamais les enfants qui découvrent le conte), ce désir égoïste, immoral et illégal du père de posséder sa fille (désir instauré par ailleurs par la mère en personne !), cet inceste auquel la princesse est finalement presque prête à se soumettre, outre la séquence canonique de l'essayage de la bague, à elle seule on ne peut plus évocatrice (image du désir mâle et impétueux du prince qui s'imagine qu'il peut posséder toutes les femmes du royaume ; symbole de l'union (et de l'union sexuelle !)) Jacques Demy explore et corhobore les allusions et les dessous du texte de Perrault : la fée au look de femme fatale est ouvertement féminine et sexuée ; le roi sussure des vers suggestifs d'Apollinaire dans le giron de sa fille ;

Le prince est un voyeur, Peau d'âne une sainte-nitouche finalement manipulatrice et finaude qui fait mariner son père pour mieux encore exciter son désir et qui ne pense qu'à exercer son pouvoir de séduction sur les hommes ... ; sitôt en fugue, émancipée du joug paternel, l'inconstante va draguer éhontément le premier prince venu et s' évertuer à le titiller lui aussi , en fait, totalement obsédée par la découverte et le pouvoir de sa féminité et par la satisfaction de son orgueil.

Et, comme elle, la plupart des personnages féminins se révèlent ouvertement ambigus, interessés, pleins d'espoirs, de désirs, d'appétits et de stratagèmes.
Ce sont les femmes qui mènent les hommes et le monde (à l'exemple des fées).



Evidemment liée à l'éveil et à la découverte de la sexualité, la transformation se fait à la fois épreuve et passage obligé : la peau d'âne comme un emblème de la bestialité, de la part sauvage (et sexuée) de la princesse devient en même temps la figuration, la marque (et une sorte d'expiation) de la souillure, de cet amour monstrueux et inconcevable du père pour sa fille, ou tout simplement aussi le reflet d'une adolescence où l'on n'est plus une fillette mais pas encore non plus tout à fait une femme ...
Symboliquement déflorée par le prince, Peau d'âne pourra muer, abandonner cette peau infâmante et exhiber les robes triomphales de son trousseau !


Ambigu et retors, Jacques Demy ne s'apesantit pas sur l'aspect psychanalytique de son histoire mais lui restitue plutôt cette part imparfaite de doute et d'humanité qui ne figurait pas dans les schématismes du conte. A la fin, l'observateur peut noter le petit air pincé de Peau d'âne à son mariage, lorsque la fée triomphante et vacharde lui annonce l'air de rien que "tout est arrangé, elle épouse le roi son père " ! L'espace d'un instant, la déception et la jalousie féminine s'expriment sensiblement.



Pareillement, ce roi, égoïste et macho à souhait, a éhontément rejeté et ignoré sa fille tant qu'elle n'était pas en mesure d'exprimer sa féminité. Pubère, formée, désirable, parée de tous les attraits d'une virginale jeunesse s'éveillant à l'amour (elle brâme à son orgue des refrains galants !), la princesse devient brutalement l'objet de toute sa convoitise ; elle réintègre sans mesure tout l'intéret qu'elle n'avait pas, se faisant d'autant plus chérissable qu'elle fait, pour ainsi dire, partie de son père, qu'elle est sa "création", qu'elle lui appartient (et qu'elle est, de surcroit, le portrait vivant de la reine sa mère !)


Ambigue, la fée l'est, elle aussi ; infiniment !
On voit bien qu'elle dissimule avant tout derrière ses couplets moraux et vraisemblablement pleins de bon sens la sauvegarde de ses propres intérets : il est hors de question que l'héroïne épouse son père car c'est elle, la fée, qui l'a dans le colimateur !



Ainsi tous ces archétypes : princes et infantes, régents ou paysans, filles à marier, fées ou savants, s'avèrent-ils en définitive foncièrement égocentriques, capricieux et vulnérables, essentiellement tournés sur eux-même et la satisfaction de leur ego.

Et même si le film décline fidèlement les fondements moraux et éducatifs de la fable (de la souillure sort la richesse ; les épreuves sont nécessaires à la construction de l'individu etc, etc ...), le motif de la transgression prédomine.


Le père-roi transgresse sans ciller les cadres et les règles de l'amour et du mariage ; il envoie voler le tabou de l'inceste et suit ses inclinations ; Peau d'âne, de son côté, outrepasse ses devoirs de soumission et d'obéissance envers la figure paternelle ; elle fugue et se cache ; Intégrant son animalité et feignant l'esclavagisme d'une indigne condition de dindonière crasseuse (et cela avec un certain masochisme !), elle transgresse les règles les plus élémentaires de la bienséance !



Tout à la fois femme et animal, sirène embobineuse, maitresse et actrice active de son destin et de ses désirs, la princesse, vite dessalée, égrenne tous les registres de la séduction.
La connaissance de soi passe par l'émancipation, la libération (y compris sexuelle !), l'affranchissement du carcan familial et du cordon oedipien.
Le prince, finalement beaucoup moins romantique qu'il n'y semblerait, va s'encanailler dans les fermes du royaume, se pique de zoophilie (une femme-anesse !), se montre obsédé et voyeur et, pour finir, insatiable (toutes les filles du pays sont conviées à essayer l'anneau !).
Et quand ils rêvent ensemble, là encore, les héros ne parlent que de désobéissance et de transgression des interdits ; le cinéaste les montre en train de s'empifrer de gateaux et de bière sous l'oeil impénétrable de la statue d'un diablotin, puis occupés à fumer de l'herbe affalés sur les coussins barriolés d''une barque-couchette ...
Devenir adulte mais ne pas oublier de demeurer quelque part un enfant ; se révolter, se jouer des convenances, désobéir pour grandir ...


Et si les apparences peuvent être trompeuses, elles n'en demeurent pas moins primordiales, les vêtements et les déguisements ayant, ici, toute leur importance !
Les tenues de Peau d'âne, tout d'abord. Demy nous figure pour commencer le temps et les saisons qui passent : une première robe jaune et automnale semée de feuilles mortes, juste avant l'hiver du décès de la mère ; puis une seconde, bleue et brodée de guirlandes de fleurs, sous les cerisiers roses et blancs du printemps ...

Les robes suivantes, comme des épreuves pour dissuader le désir du père (ou pour être encore plus attirante ?) : la robe couleur de (beau) temps que le réalisateur a eut l'idée de concevoir en toile à projections sur laquelle il a fait défiler des vues accélérées de nuages (un régal !) ; la robe couleur de lune, ciselures d'argent et gros pois blancs puis la robe couleur de soleil rutilante et magnifique !
Deneuve, classieuse, diaphane et juvénile, engloutie sous les flots de tissus fantastiques, le front pur et dégagé et la tresse généreuse, incarne à la perfection le rêve de princesse universel !
Les robes, comme des écrins délirants, exhaltent plus que jamais son charisme plein de noblesse et de retenue.







A ce père qui voudrait la pervertir, la princesse réclame des tenues de déesse qui la rendent presque irréelle et inatteignable. Mais rien n'y fait ! Le déguisement de l'effrayante peau d'âne la préservera de la concupiscence masculine tout en continuant à la rendre remarquable et unique !


Les hommes portent des culottes bouffantes (pour mieux dissimuler leur perpétuelle excitation ?) ; le monarque, père du prince, a la barbe fleurie de son age certain ; les charlatans, vendeurs de potions mensongères, paraissent tout droit sortis d'un illustration naïve avec leur chapeau pointu et les ornements cabalistiques de leur tunique ; les medecins ridicules semblent surgir d'une comédie de Molière ...

Débraillés et acteurs d'un clip hippie, Peau d'âne et son amoureux arborent le blanc de leur pureté toute illusoire tandis que chaque royaume est symbolisé par une couleur : bleu chez la princesse (vêtements, décors, mobilier, jusqu'aux chevaux et à la peau des pages et des domestiques ...), rouge chez le prince.


Et la fée des lilas, moitié vamp, moité Botticelli (pour reprendre la définition de Demy lui-même), se présente comme un piquant concentré de coqueterie (elle change la teinte de sa robe d'un coup de baguette ; elle déconseille les pleurs qui abiment le visage ...


Car la coqueterie n'est pas le moindre travers de la complexité féminine : la mère de Peau d'âne, dès le départ, initiait déjà toute la suffisance de sa vanité en réussissant encore sur son lit de mort à exiger de son époux qu'il ne se remarie qu'avec une femme plus belle qu'elle (sa coqueterie (et son orgueil démesuré) imaginait certainement qu'il ne s'en trouverait aucune !)
Peau d'âne n'est pas en reste ; elle s'amuse beaucoup (quoi qu'elle s'en défende) à recevoir et à essayer toutes ses nouvelles robes ; le détail truculent de ce coffre renfermant ses tenues et ses falbalas qui la suit partout, prouve bien toute sa frivolité !
Dans sa cabane au fond des bois, elle utilise ses moments de repos à se pomponner et à se regarder dans son miroir !
C'est d'ailleurs dans ces instants où elle se met en scène, étalant complaisamment tous les clichés de sa féminité, qu'elle se montre au prince, lui prouvant qu'elle est non seulement cette Peau d'âne sauvage et fascinante (prête à tous les avilissements et à toutes les chaleurs !) mais aussi la princesse qui sauvegardera les apparences !


La fine mouche sait que le prince la regarde : le cinéma rétablit une fois encore la vision comme sens premier (et inévitable !)
Le roi (re)voit sa fille (qu'il avait écartée et totalement ignorée) et l'envisage tout de suite comme sa femme ; la fée, médium, voit tout ce qui est et tout ce qui sera ; les miroirs se font magiques et renvoient le reflet de ce que l'on désire voir (la princesse (prise d'un sentiment de culpabilité ou amoureux ?) veut des nouvelles de son père et l'aperçoit par ce prodige) ; le prince, curieux, voit Peau d'âne par la lucarne de son cabanon et en tombe immédiatement amoureux ; les femmes, soucieuses de leur apparence (et de leur séduction) se mirent continuellement ; les visions des rêves, elles même, semblent réelles (la scène où Peau d'âne et le prince se rejoignent en songe) ...



Il faut voir et revoir "Peau d'âne", donc ; apprécier sa fraicheur, reprendre ou détester ses chansons, saluer le respect de Jacques Demy, qui, contrairement à Disney, par exemple, n'édulcore, n'affadit et ne métamorphose jamais le conte qu'il adapte.
Ici pas de guimauve mais une joliesse trompeuse pleine de piquant et d'esprit. Féérique, oui ; gnangnan et démago, certainement pas ! Le plaisir des acteurs, l'enthousiasme du réalisateur, palpables et communicatifs, emportent totalement l'adhésion.

Kitsch, intemporel, leger, futile et cependant inoubliable, "Peau d'âne" se déguste comme une patisserie délicieuse. Du sucre juste ce qu'il faut, de l'humour et un décalage constant, subtil et presque imperceptible, tout le merveilleux des récits de notre enfance intelligement mis en image ... pourquoi bouder notre plaisir ?





Aucun commentaire: