Attention, spoilers !

La plupart des critiques et des développements proposés dévoileront des indices et des informations qui pourraient fausser l'effêt de surprise et révèler les dessous et les résolutions des oeuvres citées ...

A bon entendeur ...


Que cela ne vous empêche pas de me visiter, de me lire et de me laisser vos remarques.

samedi 16 août 2008

Poupées atroces : La Maison de cire



LA MAISON DE CIRE


Un groupe de teen-agers part en virée assister à un match de football.
Un raccourci impromptu les isole des voies fréquentées. Après une nuit de camping sauvage, un instant troublée par l'apparition d'une étrange camionnette, ils se rendent compte que l'un de leurs véhicules est tombé en panne.
Tant pis, le groupe doit se scinder ! Carly et son petit-ami restent sur place, décidés à se rendre à la bourgade la plus proche pour réparer leur voiture.
La ville, étonnament déserte et fière d'une curieuse et sinistre Maison de cire, va rapidement révèler son vrai visage : entretenue par deux frères psychopathes, Ambrose n'est plus qu'un gigantesque musée morbide dont les habitants et les visiteurs ont tous été transformés en mannequins !
Tel est donc le sort réservé aux jeunes imprudents, d'autant que le reste du groupe, finalement privé de match, ne tarde pas à les rejoindre.
La Maison de cire, sanctuaire cauchemardesque et originel, continuera-t-elle impunément à renouveller son atroce collection de poupées ?
Les jeunes héros disparaitront-ils avec ses secrets finalement percés à jour ?
Tout s'achèvera logiquement dans un impressionnant bain de parafine ...


Sacrifiant à la mode des remakes et des liftings : on reprend un vieux concept, un ancien fleuron de l'Epouvante, et on le dépoussière, "La Maison de cire" s'avère de prime abord une commande de studio et une production on ne peut plus calibrée.
Teen-movie, slasher soft à la sauce Fantastique, film pop-corn de plus ..., ce n'est pas davantage son casting puisant allègrement du côté des starlettes montantes issues des séries à succès et des pages people des magazines (débauchant carrément la vaine (et sulfureuse ?) Paris Hilton !) qui jouera en sa faveur et nous prouvera le contraire.
Pourtant, "La Maison de cire" se distingue du lot, tirant plus qu'habilement son épingle du jeu et affirmant une personnalité finalement attachante !

Rondement mené, plus surprenant qu'il n'y semblerait, bien fichu et suffisament angoissant, le film fournit son quota non négligeable d'images séduisantes, déroutantes et mémorables.
Une touche de sadisme et d'humour noir, une direction artistique nickel chrome, des coloris seyants et de mignons acteurs qui réussissent à crédibiliser leurs archétypes ... : les ingrédients s'équilibrent et la recette est réussie !

Bien entendu, les conventions du genre sont tout d'abord respectées :
Une brève intro. en forme de flash-back énigmatique et cruel (Des personnages dont on ne voit que les corps ; une cuisine : une femme qui fait bouillir de la cire et qui en remplit le moule d'un visage sous l'oeil d'un bambin attablé devant son petit-déjeuner ; des hurlements, et le père qui arrive en ceinturant un second gamin hystérique et déchainé ; les parents l'attachent brutalement à sa chaise haute avec des sangles et de l'adhésif ; le gosse continue à se débattre comme un beau diable, ses poignets sont en sang ; il fait valdinguer le masque plein de cire qui tombe et se brise ; l'enfant est violemment gifflé ...)
Puis, le retour au présent et le "pitch" traditionnel avec l'inévitable présentation des protagonistes : de jeunes étudiants, des copains, réunis pour aller assister à un match universitaire.
Il y a donc là Nick et Carly, frère et soeur quelque peu désunis, Wade, le petit copain de Carly, Dalton, le pote de Nick, et un couple, Blake et Paige : leurs meilleurs amis.

Tout ce petit monde se chamaille, se confie, se jauge et se critique ...
Paige pense qu'elle est enceinte et ne sait pas comment l'annoncer à son boy-friend ; Carly se réjouit d'avoir peut-être enfin trouvé le bon mec, mais regrette, un peu furax, que son frère, pas sérieux, soit de la partie ...
On boit de la bière, on se montre un peu graveleux et on s'émoustille ...


On dévie sur des chemins de traverses, un supposé raccourci. On s'arrête pour camper.
Une odeur pestilentielle est portée par le vent, mais on ne va pas s'empêcher de s'amuser pour si peu !

Un pick-up surgit soudain et s'immobilise à distance, phares allumés. Le conducteur ne se montre pas, ne dit rien ... La voiture reste là, finalement hostile et menaçante ...
Nick lui balance sa cannette de bière, brisant un phare. L'étrange visiteur repart alors comme il était venu ...


Le lendemain matin, Dalton ne retrouve plus sa caméra numérique et la courroie de la voiture de Wade est rompue !
C'est parti mon kiki !



Le réalisateur, un débutant plutôt doué, prend son temps, joue sur la lente montée de l'angoisse et met un moment avant de dévoiler sa ville fantôme et son impressionnant musée de cire, maintenant habilement l'intéret et une atmosphère lourde et menaçante par des moments-choc bien sentis (l'héroïne tombe dans un amas de charognes ; l'autochtone pur jus qui propose de les emmener, elle et son ami, à la ville toute proche a tout du parfait psychopathe ! ...)

Et si "La Maison de cire" continue en maniant (avec brio) toute la rhétorique du genre : le piège, l'isolement, la peur, le monstre, la mort, la fuite et la traque ..., on se laisse facilement prendre par les revers et par l'agencement des morceaux de bravoure d'une intrigue finalement haletante.


Et, comme l'apparente banalité du "produit" débouche pour finir sur un fort bon film d'épouvante, les apparences se révèlent évidemment continuellement trompeuses.
Ambrose se dessine de prime abord comme une pimpante petite ville de campagne au look un brin rétro : De jolis petits chiots semblent remuer de la queue dans la vitrine de l'animalerie ; il y a des curieux derrière leurs fenêtres, un cinéma, une église où tout le monde parait regroupé pour un enterrement ...

En fait, tout cela s'avèrera factice, mort, désert, mis en scène et animé par des mécanismes, des bruitages et des enregistrements. La vieille dame qui écartait son rideau tout comme toute cette assemblée en deuil ..., tous se révèleront des cadavres recouverts de cire !


Semblablement, cette main atroce, surgissant du charnier des bêtes accidentées et que Carly croyait humaine, n'était que celle d'un mannequin de boutique.
Les héros auraient du le comprendre dès le départ : il n'y avait plus de place en ces lieux que pour la mort et pour des poupées (ô combien !) criantes de vérité.

Inversement, un chien, immobile au milieu des figures de cire du musée, s'avère vivant et s'enfuit brusquement en aboyant.
On croit se défendre en jetant de la vaisselle à la figure de son agresseur, mais les assiettes sont de cire elles aussi !
Un garagiste bourru mais apparement serviable se transforme en dangereux maniaque.


Et si la main qui écartait son rideau et cette silhouette à sa fenêtre n'avaient plus rien d' humain, c'était bel et bien un homme véritable (mais au masque figé) que Carly avait cru apercevoir, l'espace d'un instant, derrière un carreau ...

Et le monstre est "double" : deux jumeaux (autrefois siamois) dont le plus terrifiant n'est pas celui qu'on pense !




De la même façon, le bad guy de service (Nick) deviendra le héro.




Et les déformations propres au matériau choisi semblent affecter le traitement de l'histoire :
Contre toute attente, le petit copain de Carly, pressenti comme le héro tout désigné, meurt à la fin de la première bobine (c'est même la première victime !) ;
Le musée de cire aux éclairages sourds et verdâtres ne présente aucune célébrité, seulement des hommes et des femmes anonymes et de tous ages installés dans cette maison comme ses habitants ... ;




Et les couples se font plus surprenants qu'à l'accoutumée : une blanche (blonde) et un black, un frère et une soeur, deux siamois séparés ... ; et un sous-texte homo. s'insinue (sur le mode de la plaisanterie mais à plusieurs reprises !) concernant Dalton et Nick.



Pareillement, le décor cauchemardesque d'Ambrose, tel un grand parc d'attractions macabre, réussit à surprendre et à inquièter.
Et pas de savant fou aux manettes de cette ville-tombeau, plutôt deux gosses tarés, deux siamois nés reliés par la tête et séparés à la naissance ; l'un affreusement défiguré par cette opération.
Les jumeaux orphelins et déviants, ont perpétué l'art de leur mère et les moulages de cire, mais à leur manière : décimant toute la ville et utilisant les cadavres comme bases et modèles de leurs nouvelles créations.




La famille se fait classiquement la source du mal.
Et, à cette fratrie d'assassins peu commune, le réalisateur oppose le couple formé par Nick et Carly : frère et soeur eux aussi.
Le poids de l'éducation, des attentes et des comportements parentaux a étiqueté Nick comme un voyou, un bon à rien et a fait de Bo et de Vincent, les freaks siamois, des monstres effectifs et dangereux.
Les funérailles de leur mère sont éternellement célèbrées à l'église et son cadavre demeure embaumé sous la cire comme tous les autres.
Mais, si Paige est bel et bien enceinte, elle n'aura pas le loisir de voir s'épanouir sa famille : le temps s'est arrêté à Ambrose et le processus de reproduction passe par la mort (et de "nouveau-nés" de cire !)





Comme coupée du monde et des voies de communication, la ville fonctionne en autarcie (les nouveaux grands axes l'ont ignorée ; elle ne figure même plus sur les cartes routières ; le chemin forestier qui la désservait est coupé par un cours d'eau ...)
Presque irréelle, sans existence reconnue, oubliée et perdue, elle n'en acquiert une dimension que plus onirique et cauchemardesque encore !

Et bien sûr, une fois sur place, la communication avec l'extérieur s'avère rapidement impossible (Carly ne réussit pas à joindre ses amis ; le message qu'elle leur a laissé est entendu trop tard ; elle égare son portable ... Pareillement, tous les téléphones (des victimes !) entreposés dans un hangard (avec leurs affaires et leurs voitures ...), déchargés et inutilisables, ne seront d'aucun secours à Paige prise au piège ...)




Comme les enfants dans les contes, qui se sont aventurés trop loin dans les bois, le groupe de teen-agers aurait du éviter de quitter la nationale pour ce soit-disant raccourci !


A compter de ce moment, les automobiles ne cesseront plus d'être immobilisées (par une panne, des embouteillages, un cours d'eau, un fossé ...) et la fuite, la communication, là encore, s'avèrera vaine et empêchée.
A l'inverse, les véhicules rappeleront sans cesse un enfermement lourd de menaces (Carly et Wade, voiturés par un gars du cru, baignent dans une puanteur de mort et craignent d'être pris au piège d'un tueur ; plus loin, l'héroïne, attendant dans le pick-up du garagiste un petit-ami qui ne reviendra plus, réalise qu'il s'agit du véhicule qui avait surgi sur leur campement la veille et que l'homme est dangereux ... ; Paige, pousuivie par Vincent, l'homme au masque de cire, se cache dans une voiture, espérant être à l'abris ... ce qui n'est pas le cas ! ...)



Et, rejoignant le motif sans surprise du piège, l'enfermement est une figure constante sur laquelle le réalisateur réussit cependant à broder des variations savoureuses :
Lorsque Nick arrive à Ambrose et qu'il se rend au garage, il ignore que sa soeur est enfermée dans son sous-sol, attachée et la bouche cruellement close à la colle à métaux ; tandis que la conversation se poursuit (Nick questionne Bo, le pseudo-garagiste), Carly réussit à se libérer et à pointer un doigt par un soupirail ouvert au pied des deux hommes ; elle n'est hélas repèrée que par le "méchant" qui, fidèle à soi-même, sectionne son doigt d'un coup de pince coupante ! Mais Nick finit par comprendre la situation ; il se précipite à l'intérieur du garage où il se barricade volontairement (d'abord synonyme de captivité, l'enfermement s'est fait protection) ;

Le piège d'une salle de cinéma (où l'on projette "Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?" : encore une histoire de fratrie (deux soeurs) cinglée !), où l'on s'est réfugié et où on ne peut que tenter de se fondre dans le décor (le public de mannequins !) ;


L'enfermement de Wade, trop curieux, dans une étrange petite salle d'opération attenante au bureau de Bo ; emprisonnement assorti d'une brutale coupure d'électricité : dans l'obscurité, une trappe s'ouvre sans bruit derrière le jeune homme et le second frère en sort pour lui trancher le talon d'achille ... ;



Cette visite tragique et sans retour du musée pour Dalton ;
Le piège de la maison des tueurs où l'on s'est introduit et où on ne s'attendait pas à leur retour si rapide ! ... Se cacher !



Le piège final et grandiose de cette maison de cire en pleine liquéfaction, où tout s'ammollit puis se désagrège pour fondre définitivement en un magmas quasi-volcanique de flammes et de cire bouillante !



Les surfaces, les portes, les vitrages, les grilles et les barreaux ... : cloisons tour à tour indestructibles ou inefficaces, marquent encore, graphiquement, cette idée d'une réclusion inéluctable !


Et le piège s'était mis en branle sitôt nos amis arrêtés pour la nuit et leur partie de camping sauvage ; repèrés par Bo qui s'était arrangé pour traffiquer l'une de leurs voitures pendant leur sommeil ; amenés à Ambrose par nul autre que celui qui allait s'avérer, au final, le frère des deux autres ; guidés par des circonstances et des aléas totalement programmés !
Et, comme prévues elles aussi, les circonstances de la mort des victimes semblent correspondre à chacune d'elles :
Wade, raide et passablement fermé, finit "ciré vif" comme un terrible manequin vivant.


Paige (Paris Hilton), belle blonde écervelée, a la tête effectivement trouée de part en part par un piquet trop pointu !




Dalton, le fana. de la caméra, termine, très mal cadré, pour un plan fatal où il lui manque la tête (il est décapité par Vincent).



Et Blake, le bavard intarissable, toujours prodigue en bons mots, a la chique coupée net d'un poignard enfoncé dans la gorge !


Les psychopathes, eux-même, finiront malgré eux mais comme ils auraient pu le souhaiter : à nouveau soudés l'un à l'autre et noyés, engloutis et fondus dans un bain de cire incandescente.



La mort revet donc bien des visages, n'hésitant pas, parfois, à jouer la carte d'un gore abrupt mais toujours photogénique ; le plus surprenant de tous demeurant cette transformation en créatures de cire.
La galerie macabre d'Ambrose n'en finit jamais de dévoiler ses troublantes reconstitutions d'un quotidien banal : après le musée attendu, où le moindre objet, jusqu'au batiment lui-même, est fabriqué en cire, c'est l'église, l'intérieur des maisons, l'armurerie et les boutiques, le cinéma et ses spectateurs ... qui dévoilent leur troublante illusion.



La mort y affecte le visage figé de la vie, comme pour une sinistre immortalisation.
La découverte brutale d'un charnier d'animaux qui préludait à celle de la ville, annonçait déjà la couleur, se faisant une autre vision, plus réaliste et écoeurante, de ce qui attendait les héros.
Mais, même si la mort, par le biais surprenant d'un art indéniable, parait désormais défier les outrages du temps, le masque trompeur et sordide qu'elle revêt s'avère finalement bien plus dérangeant que le spectacle, après tout logique, de la décomposition.

Et, subtilement, le cinéaste exprime conjointement aux motifs de la chair "embaumée" et à jamais conservée celui de la corruptiblité et des fonctions organiques du corps :
Les jeunes héros soulagent régulièrement leurs vessies ; le sang pisse lui aussi ; les plaies sont recousues à vif ; le visage monstrueux de Vincent, dissimulé derrière son masque, révèle un magmas de chairs tuméfiées à l'endroit de sa partie manquante ; l'air est chargé d'une pestilentielle odeur de pourriture et les bêtes sauvages n'existent plus que sous l'aspect répugnant d'un tas de viandes rongées par la vermine ...



Et sous la peau de cire évidemment criante de vérité, c'est la chair encore saignante qui se révèle toujours (voir la scène efficace où Dalton, explorant à son tour la Maison de cire, tombe sur le manequin de Wade. Voulant le toucher, il déforme le matériau encore mou de la joue de son ami et, désirant réparer les dégats, ne fait qu'empirer les choses : la chair se détache avec la cire tandis que la pittoyable et horrible poupée humaine roule des yeux affolés et pleure de vraies larmes à jamais muettes et que tombe tout le côté de son visage, découvrant la machoire à vif !)



Au final, les silhouettes du musée, affreusement réchauffées par l'incendie qui se propage dans ses soubassements, révèleront semblablement leur triviale et corporelle réalité avant de fondre comme des bougies.



Plus que les effusions de sang, c'est le regard décalé et gentiment sadique du réalisateur qui marque les esprits et concrétise l'impact et la réussite de l'oeuvre.
Les renvois à l'enfance (la scène d'introduction ; les articles de journaux et les photographies de Vincent et de Bo enfants) n'ont rien de nostalgique !
Les liens du sang se manifestent violemment et par les attaches et les sangles avec lesquelles on ligotte à sa chaise un gosse perturbé (trauma que Bo reproduira avec Carly dans le sous-sol de son garage) ou par les prolongements, les aberrations de la chair qui imbrique les corps de deux siamois l'un dans l'autre !
Les transformations des victimes mèlent gothique et cruauté (la machine incroyable, antédiluvienne et vétuste au look d'un autre age dont la découverte se fait l'occasion de nouvelles giclées d'humour noir (lorsque Nick veut liberer Dalton, attaché et couvert de cire, et que la tête de son ami se détache de son corps et reste entre ses mains !))

Les mises à mort, soignées et stylées, renouent avec les meilleures recettes du genre et n'ont rien à envier à leurs illustres références (le giallo, le slasher ... dans ce qu'ils peuvent avoir de plus abouti !)
Et, comme ces mannequins, beaucoup plus sordides encore qu'il n'y parait, la monstruosité est d'autant plus choquante lorsqu'elle prend l'apparence de la normalité.
Ainsi Bo, le jumeau "intact", s'avoue-t-il au final la tête pensante et le véritable instigateur de tous ces massacres ; le plus enragé et finalement le plus monstrueux des deux frères.
Vincent rappelerait davantage la galerie des bêtes pathétiques qui du "Fantôme de l'Opéra" à "King-Kong", de "Darkman" à "La Créature du lagon" parséme le cinéma fantastique.
Autiste, muet, sauvage et misérable, il se fait l'instrument involontaire de son jumeau diabolique qui a utilisé son tempérament et ses aptitudes artistiques pour satisfaire ses propres penchants meurtriers et morbides.


Et l'influence maléfique germant plus qu'aisément sur les terrains malléables et fragiles de l'esprit simple et revanchard du monstre, ramène au thème de la pénétration :
Entrée dans un cauchemard dont le décor et les figurants dévoileront peu à peu leurs multiples et surprenantes couches (sous la cire, les cadavres ; sous la ville, un réseau de tunnels ; sous le musée, un atelier très particulier ; sous le masque, un visage tronqué et terrible ; au bout du campement, un fossé et un bain de charognes ; derrière l'apparente normalité, une ville-cimetière et la mort ...)
On ouvre des portes, se fichant complètement de leur écriteau "Fermé" ; on pénètre partout impunément ; on se fait indiscret, on fouille sans cesse ... La curiosité et le manque de savoir vivre des jeunes imprudents seront inévitablement sanctionnés : un punition évidemment elle aussi "pénétrante" par le biais des lames, des flèches, des piquets et des pointes qui traverseront les chairs.



Qui dit pénétration, dit trou :
Trou paumé de cette ville ; trous sombres des orbites du masque de Vincent révélant à la fin le trou de son visage ; trou de cette trappe chez les tueurs, de cet escalier abrupt orné d'affreux faciès au musée, qui s'ouvrent sur les galeries secrètes où tout se trame ; trou de cette bouche, collée à la Superglu, dont Carly se déchire les lèvres pour pouvoir hurler ; trous dans ces têtes (celle de Paige, celles des mannequins, pulvérisées par les tirs ratés d'une carabine ...) ou dans ces talons (Wade, Paige) comme pour souligner la faiblesse des proies (leur talon d'Achille !); abîme final et superbe de cette Maison de cire, comme prise dans l'oeil d'un cyclone incendiaire et fatal.
Et la solution ultime pour contrer une mort probable enfonce encore le clou : Nick et Carly doivent creuser dans la cire molle des murs ; creuser un trou, une issue, faute d'être engloutis à leur tour !



Le vide des rues désertes d'Ambrose, celui de ces lieux dont les habitants ne présentent plus que la raideur de leurs cadavres, s'oppose en contraste à la fourmilière des axes embouteillés.
Les gamins, habitués à une urbanité "sécurisante", isolés et perdus en pleine campagne, vont se méfier (à tort ?) des manifestations premières et folkloriques des usages locaux (l'apparition de l' "éboueur" du coin, qui vient déverser son lot quotidien de carcasses écrasées dans le charnier) pour oublier toute prudence sitôt les marques de la civilisation retrouvées (la découverte soulagée d'Ambrose) !


Amusant, angoissant, efficace et malin, "La Maison de cire" unit divertissement, frisson et style pour un résultat dépassant toute attente.
Hommage savoureux et original aux classiques de l'Epouvante, le film ne se contente pas pour autant d'aligner les poncifs et de dépoussièrer en actualisant bêtement des concepts mille fois déclinés ... ; il propose un ton et une esthétique résolument personnels.
Si son décor bien pensé, évitant le tappe-à-l'oeil et la facilité au profit d'une étrangeté quasi irréelle, joue pour beaucoup dans la réussite finale, l'humour noir et un brin pervers, la fraicheur et la crédibilité de son casting et la perfection et le juste dosage de ses effêts y contribuent aussi grandement !

A l'image de Paris Hilton (peut-être moins superficielle qu'elle ne veut le laisser croire (?)) finalement figée dans une posture inhabituellement peu glamour, l'oeuvre, finaude, marie clichés et contrepieds, gimmicks et surprises.
Le divertissement sans grande prétention réussit pourtant la gageure d'une alchimie idéale entre intérets commerciaux, cinéma d'exploitation on ne peut plus ciblé et création raffinée, imagination et personnalité.
On en redemande !





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