Attention, spoilers !

La plupart des critiques et des développements proposés dévoileront des indices et des informations qui pourraient fausser l'effêt de surprise et révèler les dessous et les résolutions des oeuvres citées ...

A bon entendeur ...


Que cela ne vous empêche pas de me visiter, de me lire et de me laisser vos remarques.

samedi 16 août 2008

Poupées atroces 3 : Le Masque de cire





Le Masque de Cire




A peine a-t-il ouvert ses portes, qu'un macabre musée de cire se fait le théatre d'un étrange décès : un jeune homme y est retrouvé mort de peur !
Est-ce réellement la cause de l'impressionnant spectacle de ses reconstitutions (les scènes les plus épouvantables de l'Histoire ou de la Mythologie) ou l'endroit morbide cacherait-il d'autres réalités bien plus horribles encore ?
C'est ce que vont découvrir Sonia, une jeune styliste fraichement employée par l'énigmatique patron du musée, et Andréa, son amoureux, journaliste intrépide et opiniâtre ...
Bien évidemment, tout le monde, de Volk, l'inquiétant directeur, à Sonia elle-même, dissimule des secrets et des souvenirs plus ou moins douloureux et inavouables !
Les événements étranges et les disparitions se succèdent en même temps que la galerie de cire propose de nouveaux et abominables tableaux.
Que dissimulent ses mannequins ?
Pourquoi Volk se montre-t-il si prévenant avec Sonia ?
Et quelle est cette silhouette menaçante qui sème partout la terreur de son horrible main de fer ?

A l'origine cette oeuvre aurait du être tournée par Lucio Fulci ; son décès prématuré en a décidé autrement.
Produit (et co-scénarisé) par l'incontournable Dario Argento, "Le Masque de cire" sera donc l'occasion des premiers pas à la réalisation de Sergio Stivaletti, maquilleur en effêts spéciaux réputé ... Le film s'avère d'ailleurs avant tout mémorable pour la part non négligeable de ses trucages et de ses effêts spectaculaires et sanglants.

Hommage à l'age d'or du cinéma, resucée référentielle des oeuvres feuilletonesques de Gaston Leroux, d'Eugène Sue ou de Maurice Leblanc, cette production possède le charme de ses défauts : généreuse, alambiquée, absurde et romanesque, horrifique, pleine de rebondissements, coquine et spectaculaire ..., mixant gore, épouvante, enquête policière et reconstitution historique.



"Le Masque de cire" rappelle beaucoup "Le Fantôme de l'Opéra" réalisé par Argento : décors et époques similaires, mêmes louables efforts, même mélange sympathique et bancal, même interprétation approximative, mêmes références et même manque d'envergure et de moyens ...
Pourtant, le côté modeste et bidouillé et le propos qui rassemble les clichés les plus savoureux du fantastique gothique (le savant fou, le musée de cire/galerie des horreurs, les années folles, l'aspect énigmatique et effrayant des tueurs, le sadisme, les passages secrets, le laboratoire et ses machines "vivantes" ...) amusent et captent l'intéret malgré tout.
Robert Hossein, à peu près aussi expressif qu'un gros poisson, campe un méchant plein de raideur et de mystère finalement crédible ... ; pour le reste, les interprètes, inconnus et suffisament typés, remplissent leur office.
Le cinéma dont il s'agit n'a finalement d'autre revendication que de distraire et s'en acquitte fort honorablement !
On pourrait cependant regretter l'oeil plus expérimenté ou plus stylé d'un cinéaste aguerri ; Fulci ne se serait peut-être pas mieux tiré de l'affaire (ses dernières productions frôlaient vraiment le néant créatif et l'amateurisme !) ; Argento n'aurait probablement pas sublimé l'écueil ultra-référentiel et historique du projet ... ; il n'empêche, Stivaletti filme un peu trop platement, comme s'il faisait tout pour se faire oublier et qu'il préférait se réfugier derrière ses jolis décors, sa chouette machine infernale et sa galerie de cire morbide à souhait ...
Au final, le film a l'aspect réducteur d'un téléfilm violent et soigné de deuxième partie de soirée !

L'argument rassemble et agence plusieurs thèmes différents : la quête d'immortalité, le destin, les manipulations "génétiques", le savant fou, la romance, le double ..., les imbriquant d'une manière à la fois programmée et assez abracadabrante.
Effectivement, si on comprend finalement bien pourquoi Volk a cherché et réussi à dépasser les problèmes du vieillissement et de l'apparence, son désir de vengeance et sa trouble relation avec Sonia, on peine, en revanche, à saisir le rapport et les raisons avant tout esthétiques et "atmosphériques" de ce musée de cire macabre et pour ainsi dire vivant.

Récapitulons !
Soit Boris Volk, un homme affreusement défiguré lors d'un accident tragique ; scientifique illuminé, il parvient par ses recherches à créer une peau et un squelette artificiels qui lui rendent à jamais son aspect humain.


Soit une machine qu'il a élaborée au cours de ses travaux infernaux et totalement dépourvus d'éthique, machine qui, reliée à un coeur proprement vivant, a le don de transformer les êtres humains en mannequins troublants de vérité (elle retire leur sang puis le remplace par d'autres liquides indéfinis (de la cire (?), entre autres)) ; les personnages sont ensuite "branchés" et alimentés en continu par le réseau de veines-tuyaux qui les connecte au coeur perpétuellement battant de la machine ...)
Soit sa galerie de figures de cire, effrayant musée des horreurs où Persée et la gorgone, les Harpies et Jack l'éventreur voisinent avec divers tableaux saisissants et animés d'éxécutions, d'éventrations et de crimes plus ou moins célèbres ... ; ses mannequins troublants sont donc moitié morts et moitié vivants !

Soit, également, une créature, elle aussi fabriquée par Volk, apparemment humaine mais, en fait, totalement artificielle, sorte de squelette à la Terminator, elle aussi pourvue d'un coeur "vivant" et "habillée" tour à tour des masques changeants concus par le savant fou.


Complètement obsédé par ses recherches obscures, malade, et pris d'une folie des grandeurs qui le pousse à tuer (et à utiliser) ceux qu'il nomme les rebuts de la société pour réaliser ses personnages de cire plus vrais que nature (et pour compte !), Volk peut cependant s'ennorgueillir d'avoir percé le secret de l'immortalité : ses mannequins, certes figés, sont comme les membres à jamais préservés du vieillissement et de la décrépitude d'un gigantesque corps dont le coeur bat dans les souterrains du musée ; et lui-même, comme cette créature qu'il a conçue (et qui n'est révèlée qu'au final), par la magie d'une science diabolique, semble désormais détaché des contingences physiques, du temps qui passe et qui use, des outrages et de la corruption inexorablement infligés à la chair ... ; le même pour toujours ... !


L'éternité donc.
Une vie éternelle où tout n'est que recommencements : les passions, les incendies, les accidents et les visages les plus chers ne cessent de réapparaitre et de se reproduire ; les masques et les membres artificiels, comme des vêtements que l'on enfile, dont on peut à l'infini se grimer et derrière lesquels on se cache sans cesse, prenant l'apparence et l'identité des uns et des autres, demeurant toujours identique, jeune, préservé de la vieillesse, symbolisent mieux que tout cette perpétuité, ces changements (qui n'en sont pas !) et la capacité de recommencements à l'infini.

De la même façon, Sonia, troublant sosie de sa mère, figure-t-elle une répétition du passé et la réincarnation de cette femme autrefois aimée par le malade.


Le musée de cire se fait l'immortalisation spectaculaire de scènes légendaires (ou plus contemporaines, telle cette reproduction du carnage tristement mémorable dans lequel les parents de Sonia ont péri (sauvagement assassinés par Volk lui-même !)) et le lieu funeste où les malheureux (prostituées, mendiants, jeunes gars oisifs ...), pris au piège, continueront à vivre leur condition sous l'apparence inerte de leurs nouveaux personnages (Giorgina, l'imprudente prostituée, finira en victime de Jack l'éventreur ; Luca sera à jamais figé dans une attitude terrorisée ...)

Et comme Volk, tel un démiurge diabolique, inventant et modifiant à loisir son aspect et son identité (tout comme ceux d'Alex, sa "créature"), manipulant, brouillant les pistes, prenant l'apparence du commissaire Lanvin (ou celle d'Alex au final, pour faire croire à sa propre destruction), le destin parait s'ingénier à jouer avec les êtres, créant d'improbables situations, des retrouvailles, des coups de théatre ... qui n'ont plus rien d'hasardeux ni de vraiment réel.

Respectant l'aspect sériel, feuilletonesque et délirant de toute une tradition narrative romanesque et fantastique, les scénaristes (dont Fulci et Argento !) jouent sans vergogne sur les présupposés les plus illogiques :
Volk embauche une jeune costumière qui s'avère être la fille de son ancienne (et infidèle) compagne (et peut-être bien la sienne !) et l'unique témoin du meurtre vengeur de cette femme et de son amant (qu'il tient pour responsables de son accident atroce (à la suite d'un combat avec son rival, il tombe dans une cuve d'acide d'où il sortira affreusement mutilé !) Des années plus tard, il les retrouvera et leur arrachera le coeur ) ;
Le commissaire Lanvin qui travaillait à Paris et traquait le mystérieux criminel à la main de fer, avait promis à Sonia de venger le meurtre de ses parents et resurgit en Italie d'une façon plutôt téléphonée ;
Le musée de cire dans lequel Luca s'introduit de nuit à la suite d'un pari, semble s'animer d'une manière vraiment incroyable (la tête de la gorgone devient curieusement vivante (et pétrifiante !)) et finalement inexpliquée ;
L'assassin à la main de fer décharnée ne cesse de poursuivre les jeunes enfants et de les piquer avec une grosse seringue (on ignore ce qu'il adviendra, par exemple, de ce jeune gavroche désoeuvré attiré dans les recoins d'un parc) ;
Alex dont le corps se révèlera totalement artificiel, est néanmoins montré nu, malmené et soumis dans une position sadomasochiste et brutale au bordel, situation qui parait peu concevable avec sa réalité non-humaine ;
Et le final découvrant la cachette secrète où Volk range ses masques et toutes les apparences qu'il a pu revêtir, sème rétrospectivement le trouble (après tout, déguisement ou réalité, qui était qui, à tel ou tel moment ?) , tout comme l'invraisemblable coup de théatre de la conclusion qui semble indiquer que le criminel avait finalement pris l'aspect d'Alex pour mieux tromper son monde et échapper à la Police.
Bref, tout un lot d'incohérences, de coincidences oiseuses, d'allusions et d'idées peu ou mal exploitées ...
La soupe a beau contenir tous les ingrédients nécessaires et la trame fourmiller d'idées sympathiques, davantage de rigueur et moins d'éparpillement auraient mieux servi leur impact.


Il faut néanmoins reconnaitre les efforts louables de Stivaletti, la joliesse des décors et des costumes où ne manquent ni un bouton de manchette ni un cliché savoureux (débuts de la photographie et du cinématographe, bordel enfumé et chaleureux, carrosses et calèches, parcs romantiques ...), le sens du détail et le soin apporté aux atmosphères volontairement typées et emblématiques.


La figure énigmatique du criminel, giallesque avant l'heure, est de même suffisamment inquiétante : ce chapeau et ce grand manteau noir au large col relevé, ces gants dissimulant un horrible squelette mécanique et ce visage entrevu et changeant, tour à tour masqué et différent (Volk, Alex, l'employé mutique et impressionnant du musée ...) ou découvert et monstrueux, arborant toute l'horreur d'un faciés méchamment défiguré ...


L'un des enjeux de l'intrigue consistant à brouiller les pistes et à multiplier les indices et les détails concernant l'identité et le nombre des meurtriers pour lier et rapprocher au final les éléments de sa trame faussement nébuleuse. (Quel est le rapport entre le massacre qui ouvre le film (et qui se situe une dizaine d'années auparavant) et la galerie de cire ? D'où vient cette main de fer ? Pourquoi les manequins ont-ils cet aspect si réel ? Quels sont les liens qui unissent Volk et Alex ? A quoi correspond vraiment ce cauchemard récurent qui réveille régulièrement Sonia ; Comment se fait-il qu'elle le retrouve mis en scène dans le musée où elle travaille ?)

Les recherches du savant fou évoquées dès le chouette générique dans lequel sur fond écarlatte, sa main gantée parcourt des grimoires, prend des notes étranges, consulte et peaufine des croquis anatomiques, manipule des tubes, des organes et des liquides colorés pour finir par réanimer le cadavre d'un chien, ses travaux donc, se dévoilent au fil des péripéties et des décors surprenants des ateliers et des laboratoires.
Le commissaire, étonné à juste titre lorsqu'il inspecte la surface de l'antre de Volk, remarque que l'atelier de l'artiste (après tout, (simple ?) créateur de figures de cire !) fait davantage penser au domaine d'un scientifique : cire bouillonnante, étagères encombrées de bustes, de sculptures et de moulages, de squelettes et de bocaux, d'embryons, de viscères et d'animaux momifiés, imités ou véritables ...

Et, sous l'établi où dorment parfois d'étranges manequins, s'ouvre un passage secret sur les sous-sols : là se trouve le coeur des recherches de Volk et celui d'une machine infernale pleine de manettes, de voyants, d'ampoules et de mécanismes. Reliée à un fauteuil où sont immobilisées les victimes, elle les métamorphose à jamais par un terrifiant système de piqures et d'injections ; des serums bleus et verts chauffent dans ses tuyaux, des arcs électriques s'allument et crépitent tandis que son coeur bat sinistrement, enfermé dans une citerne de laquelle serpente tout un réseau veineux artificiel.


Impuissantes, et auparavant contraintes par l'inoculation d'un poison qui les statufie dans une illusoire apparence de mort, les victimes sont tout d'abord vidées de leurs fluides corporels, dessèchées, puis réhydratées par les élixirs de jeunesse éternelle leur donnant l'apparence si troublante et si réussie d'un mannequin (qui ne tardera pas à rejoindre ceux du musée).
La description et le look de ces lieux impressionnants s'avère très savoureuse.
L'incursion trop imprudente de Luca dans l'atelier ; ce cadavre mi-manequin mi-écorché, dissimulé sous un drap ; cette confusion déjà totale entre le véritable et l'artificiel, la cire et la chair ... ; ce buste que le jeune homme fait tomber et qui révèle son intérieur organique ... ; les souterrains ténébreux qui mènent à la machine infernale et cette machine elle-même incroyable et mémorable ...
Stivaletti crédibilise avec brio ses arguments délicieusement gothiques, ravivant les souvenirs de Frankenstein ou de l'abominable docteur Phibes ...

Et sa galerie de cire, son musée de l'horreur, s'affirme également épouvantable à souhait !
Ecorchées, condamnées, suppliciées ..., les figures sont figées pour toujours dans des tableaux sordides, de sanglantes et macabres mises en scènes.
Un mécanisme déclenche leur brève et raide animation : le guillotiné perd sa tête ; Persée brandit le trophée de Méduse ; Jack l'éventreur abaisse son couteau ...
Et cette animation est d'autant plus cruelle et narquoise qu'elle concerne, en fait, des "poupées" vivantes (mais réduites à l'immobilité !) et que les mécanismes ne simulent ici la vie que pour donner la mort (les mannequins ne bougent que pour accomplir des éxécutions !)

L'illusion est maîtresse !
Derrière les êtres humains peut se dissimuler la réalité artificielle de robots monstrueux ; les visages s'avèrent des masques, les mains des gants de cire ... ; les mannequins agités de spasmes grossiers révèlent finalement toute leur humanité et leur système veineux sur les négatifs photographiques ; une fillette que l'on croyait morte n'était, en fait, qu'endormie par une drogue trompeuse ; les gants que l'on retire ne découvrent jamais ce que l'on s'attendrait à voir : des griffes métalliques à la place d'une main, des mains apparemment normales quand on pensait démasquer le criminel et sa sinistre poigne de fer ... ; le mystère angoissant d'un atelier cache des secrets plus terrifiants encore ; et des regards voyeurs, menaçants ou impuissants sont tapis derrière les portraits, les tentures ou les couches de parafine ; les rendez-vous galants se muent en traquenards ; les souvenirs et les rêves rejoignent la réalité ; un inconnu pénétrant dans votre chambre d'hotel découvre son atroce et troublant visage : le vôtre !


Et, comme la réalité n'a désormais plus rien de tangible, les protagonistes n'ont d'autre recours que de se montrer vigilants, curieux ou carrément indiscrets et de devenir les enquêteurs d'une affaire nébuleuse !
On fouille, on entre, on guette, on ouvre, on cherche sans cesse parfois au mépris de tout respect et de toute prudence !
Les yeux de verre choisis par les monstres pour leurs différents déguisements, les yeux de Giorgina dissimulés sous une coque de cire, la cécité de la tante de Sonia, cet oeil qui s'échappe de l'orbite d'un mannequin guillotiné, la vision tronquée et limitée d'une fillette depuis sa cachette sous un lit, les yeux vairons de l'employé du musée tout comme ces miroirs brisés qui ne reflètent plus rien ... stigmatisent pourtant toute l'inefficacité de la vue ; et ce n'est que par la science encore (le regard aiguisé et révélateur de la photographie) que la vérité sera enfin révélée !


Et c'est un monde frivole et oisif que le réalisateur croque à coups de chromos, un univers où la réalité des castes et celle de la misère est à peine ébauchée par les interventions fugitives de mendiants ou de gosses des rues ...
A la dureté de la condition prolétarienne, Stivaletti préfère les falbalas et les dentelles, la fatuité l'insouciance et les loisirs, tout l'égoïsme cruel et puéril d'une classe aisée.
Apparences encore, et regard idéaliste sur un monde d'amusements :
on va s'encanailler au bordel, on y joue aux cartes et aux dames (et avec les dames !), on parle de cinématographe, d'opéra, de musées (de cire !) ; on se promène en calèche ou en barque sur des lacs romantiques ; les enfants applaudissent au Guignol ; on bavarde aux terrasses des cafés chics ... ; même si derrière les festivités et les feux d'artifices se déroulent des massacres barbares, même si les parcs paisibles et accueillants se font le terrain de chasse d'un étrange et redoutable agresseur ...
Les prostituées elles-même mettent bien trop de coeur à l'ouvrage et s'avouent ravies de leur condition ! ...


Cette peinture enfantine et fantasmée n'a finalement rien de réaliste. Et, rejoignant le soin méticuleux apporté aux décors et aux costumes, les peintures et les tableaux, les croquis de Sonia, les portraits d'Alex (qui "caste" les futures victimes et les croque au fusain) et les airs d'opéra parachèvent la délicatesse artistique du trait.

A l'opposé viennent trancher les spectacles criminels d'un tout autre style : les parents de Sonia sont exécutés lors d'un véritable carnage ; le père a la main arrachée et la gorge fendue ; les coeurs sont saisis à même les poitrines par des serres métalliques qui transpercent tout (Sonia, tapie sous le lit, voit même rejaillir par le sommier la main artificielle serrant l'organe encore battant !) ;




Plus loin, l'héroïne est abandonnée dans une porcherie où le sang coulant de ses blessures attire irrésistiblement les groins affamés des cochons ; la morgue ressemble a une cave plâtreuse où les cadavres paraissent des pièces de boucherie ; les enfants sont étouffés par des mains effrayantes et soumis à des irruptions cauchemardesques ; les masques fondent ou s'arrachent, exhibant des visages qui n'ont plus rien d'humain, les chairs et les cires se liquéfient dans d'horribles mélanges ...

Le corps et la chair exhultant joyeusement au bordel, corrompus par l'acide, le feu ou la décomposition ou encore troqués pour de trompeuses contrefaçons de cire, s'affirment comme le motif central de cette oeuvre : cadavres ou mannequins, scènes de crimes véritables ou reconstituées dans la galerie de cire, étreintes amoureuses ou meurtrières, mains, coeurs et visages arrachés comme ces masques interchangeables, corps artificiel d'Alex et de Volk, demeure maléfique et sinistre telle une entité vivante ...


La vie et la mort étant inoculées par d'énormes seringues brandies à tout bout de champ.
La piqure est fatale !
Ainsi, comme ces insectes, ces papillons, fichés d'un coups d'épingle (Volk affiche une certaine passion pour l'entomologie), les êtres succombent constamment aux aiguillons mortels.
Lanvin, acculé par son sosie (Volk masqué), finit le coeur percé d'une grosse pointe que le meurtrier a tiré du pommeau de sa canne ; Giorgina, Anna, le gamin du parc se voient brutalement injecter un liquide jaunâtre ; la machine infernale de Volk soumet les corps à une fatale liposucion pour les remplir ensuite de coktails intrigants ; Sonia se pique le pied à une pointe juste avant d'être attrapée par les maniaques ; les coeurs arrachés de ses parents, fichés sur une pique et finalement "momifiés" sont conservés dans un coffret en souvenir macabre de la vengeance accomplie ...


Inévitablement, tout se terminera par un incendie, une gigantesque et ultime refonte où tout le grotesque et l'admirable (de l'argument (cette galerie de cire aussi incroyable que funeste) comme de l'oeuvre elle-même) atteindront des sommets ! Rappel sympathique des oeuvres phare de Dario Argento ("Suspiria" ou "Inferno"), "Le Masque de cire" se termine sur les images du musée en flammes ; cette fois, c'est le héro maléfique qui surgit (incognito ?) du brasier, l'air narquois et toujours aussi impénétrable !

En conclusion (et malgré toutes les restrictions ci-dessus avancées), cette oeuvre s'avère finalement beaucoup plus attachante, généreuse et décomplexée que bien des productions plus (re)connues ... C'est chouette et feuilletonesque, gore et gentiment grivois ... ; la musique, la direction artistique, les moyens et les efforts mis en branle ... tout cela mérite (et gagne !) absolument notre intéret et notre plaisir !

A déguster sans tarder !



1 commentaire:

Anonyme a dit…

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