


BARBE BLEUE


Le Baron Von Sepper, bel et riche aristocrate autrichien, héro de guerre à l'étrange barbe bleue, cache bien plus que les dérives de ses accointances nazzies.
Lorsqu'il épouse Anne, une jeune américaine danseuse de cabaret, il n'imagine pas qu'elle percera à jour tous ses secrets.
Une clé d'or, un cabinet réfrigèré, dissimulé derrière un portrait, où sont entassés des cadavres ... : Barbe Bleue avait déjà épousé plusieurs femmes qu'il avait toutes exécutées.
Différant l'heure de sa mise à mort, Anne questionne son sérial-killer de mari et découvre que le monstre n'était qu'un homme blessé, aux méthodes certes un peu trop extremistes, un homme impuissant soumis aux caprices et aux vexations de véritables harpies !
L'épanchement des souvenirs attendrira-t-il suffisamment la brute afin qu'Anne ne soit pas condamnée à rejoindre ses compagnes d'infortune dans la chambre secrète ?

Bienvenue à Nanarland !
Les co-production européennes des années 70 ont commis sans ambages bien des impairs et des fautes de gout ...
On rêve, nostalgique, à imaginer la genèse des improbables et incroyables projets qui pouvaient fleurir alors !
En depit de son propos surréaliste et d'un scénario abracadabrant qui transforme le croquemitaine de notre enfance en officier SS affligé d'impuissance, ce "Barbe Bleue" impossible se paye le luxe d'une distribution haute-couture (les actrices les plus ravigotantes du moment, un casting internationnal (jusqu'à notre Jean Lefebvre hexagonal !) et rien moins que Richard Burton pour le rôle titre !), le choix d'un vétéran de la réalisation aux manettes (Edward Dmytryk ("Le Bal des maudits", "L'Homme au colt d'or", "Ouragan sur le Caine" ...) et, côté musique, celui de l'incontournable Ennio Morricone pour la ritournelle entêtante et typée ...
Bel et bien tirée du conte de Charles Perrault, l'intrigue surfe sur la vague giallesque tout en peinant à concilier ses ruptures de ton et des registres trop divers : épouvante, drame, érotisme, comédie ...
Le résultat se révèle évidemment déséquilibré, batard et totalement foutraque !
Au final, l'objet, kitschissime et involontairement délirant, a le charme indéniable des ratés, du navet merveilleux et conserve un aspect atypique et foncièrement déroutant !

Du fameux conte, les scénaristes ont conservé l'essentiel : le richissime et monstrueux barbu au charme bestial, l'épouse trop curieuse, la clé d'or et le cabinet secret renfermant les dépouilles des femmes précédentes ...
Mais l'intrigue XVIII ème est transposée dans l'entre-deux-guerres et l'histoire célèbre se fait, ici, l'épisode à la fois initial et ultime (Anne sera la dernière épouse de Barbe Bleue) qui amène le récit des mésaventures passées (et plutôt désopilantes !) du meurtrier avec ses différentes conquêtes.
Là où la morale du conte de Perrault ciblait la curiosité, ce sont désormais tous les travers et les vices du caractère féminin (?) qui sont croqués (tout cela avec, il va sans dire, une mysoginie et un mépris de la nuance finalement réjouissants !)
Menteuses, insupportables, vaniteuses, agressives, nymphomanes, paresseuses, bruyantes, alcooliques ou névrosées ..., la galerie caricaturale de ces créatures, toutes plus impossibles les unes que les autres, prête franchement à rire !
L'épouvante biffurque sur la pantalonnade et le film sombre dans un grotesque et joyeux n'importe quoi.

Le présupposé de base qui plantait un Barbe Bleue quasiment psychanalysé par sa femme frôlait déjà l'absurde mais le summum du burlesque est encore à venir :
Virna Lisi, frisée comme un mouton, bondissant et chantant atrocement dans tout le château ;


Nathalie Delon exhibant ses seins qu'elle a pompeusement nommés Cyclamen et Jasmin, affublant le monstre de tous les noms d'amour les plus ridicules, donnant sans cesse du "Tonton" ou du "Poulet", prenant finalement un cours de séduction auprès d'une prostituée (Sybil Danning, bizarrement coiffée elle aussi et toute en oeillades suggestives, pour un moment d'anthologie nanardesque !), cours avec travaux pratiques où l'on apprend très sérieusement que la femme désirable doit toujours conserver ses bas et rien que ça ! ... ;


Raquel Welch en ex-bonne soeur expiatrice et intarissable qui ne cesse d'énumérer le compte astronomique de ses amants ;

Marilu Tolo, ivrognesse haineuse, buvant son rouge à la paille et ridiculisant l'homme et son méprisable "baton de cloche" (sic) ! ...



La mâle et aristocratique raideur du monstrueux héro contraste d'autant plus avec les excès hilarants des belles mégères.
Et l'invention principale du film, finalement pas si sotte, s'avère la suivante :
En fait, ce sont les femmes, ces femmes atroces et exaspérantes, qui ont rendu l'homme impuissant et qui en ont fait cette bête sanguinaire du mythe !
L'idée rejoint d'ailleurs les origines même du Giallo où le meurtrier pallie toujours à ses manques ou ses troubles psychologiques (et sexuels !) par le crime, et où la mise à mort symbolise et remplace constament le coït.
Car, rejoignant là aussi l'essence psychanalytique des contes, le sexe s'affirme bel et bien comme le noeud (permettez-moi l'expression !) du problème et de l'intrigue : C'est surtout parce qu'elles ont souligné la honteuse impuissance du mâle que les épouses de Barbe Bleue ont terminé au congélateur !
Le sexe, son importance, ses tares ...
En cela l'érotisme "à la papa", typique lui aussi du cinéma de genre et de ces années 70, outre le besoin raccoleur d'appâter le voyeur qui sommeille en chaque spectateur et de faire valoir la séduisante plastique de ses charmantes actrices, l'érotisme, donc, a ici toute sa place et sa légitimité.
Bien sûr, on peut déplorer le manque de style, d'élégance et de finesse d'un cinéaste qui dénude systématiquement tous ses personnages féminins et fait plutôt preuve de méthodes "à la hussarde" là où doigté, mystère et sophistication auraient mieux convenu (mais, après tout, Dmytryk était davantage spécialiste des films d'action et des récits de guerre !) ...








Belles, désirables, demandeuses, pleines d'appétits et éminemment vivantes, les femmes posent donc un sérieux problème à notre macabre Don Juan.
Raffiné, esthète et finalement romantique, Barbe Bleue s'avère un homme toujours en quète d'un idéal féminin impossible !
Sa vision trop noble, trop pure et complètement fantasmée d'un amour qui n'existerait que dans la Littérature ou les stances poétiques, d'un amour chaste et asexué de contes de fées (où, si les héros ont des enfants, c'est avant tout d'un coup de baguette (magique !)) ne peut que se heurter à la réalité du monde, aux pulsions, aux élans, aux désirs féminins (ici caricaturés à souhait, il est vrai !)

Inévitablement, la première et la plus importante de toutes ces femmes est la mère !
C'est, en effêt, sur l'image de son portrait que le film débute.
Une mère dont on ne verra rien d'autre que ces peintures et la dépouille momifiée ; une mère probablement dure, marquante, toute en conventions aristocratiques et certainement castratrice.

L'oeuvre s'ouvre donc sur le retour chez lui de Barbe Bleue, le héro de guerre ; il vit seul dorénavant, avec une vieille bonne muette ; sa mère est morte et il photographie son portrait, inaugurant la série des créations étranges qu'il réalisera pour chaque défunte (belle idée que ces entrelacements indéchiffrables d'épreuves photographiques, comme un témoignage artistique, un souvenir et, en même temps, un aveu de la mort de toutes les femmes qui ont traversé sa vie !)

A-t-il tué sa mère ? Le film peut le sous-entendre.
Il utilisera en tous les cas son cadavre pour effrayer et tester ses épouses (avec la complicité de Marka, la vieille nourrice) :
L'épisode de la chambre mystérieuse de laquelle s'échappent de curieux grincements et où l'on découvre Marka peignant les cheveux de la momie déssèchée de cette mère, se révèle un avant gout du cabinet secret et la première épreuve qu'il inflige à ses compagnes, comme un avertissement et comme une garantie contre leur hypothétique (et dangereuse) curiosité.
Il peut ainsi penser qu'Anne, impressionnée par la découverte de cette première horreur, se gardera de passer outre ses recommandations et qu'elle n'ira pas fouiner et utiliser la clé d'or interdite !

Toutes ces manigances, tous ces tests et ces mises en scène, prouvent bien l'inquiétude de Barbe Bleue, son espoir de trouver la femme idéale, soumise et obéissante, espoir tant de fois déjà anéanti, et sa peur de la voir prendre un quelconque ascendant sur lui, de la voir se révèler triviale, vicieuse et, somme toute, elle-même !
Et s'il conserve si précieusement les cadavres de ses femmes, on peut subodorer, outre un côté nécrophile et tordu, que ce cabinet secret (et piègé : son ouverture est reliée au déclenchement d'un appareil photo.), preuve éventuelle et flagrante d'une culpabilité condamnable, est avant tout le symbole, le moyen, qui lui garantira la loyauté et la pureté de son épouse : une fois l'interdit transgressé et sa curiosité satisfaite (?), celle-ci aura donc signalé son erreur et par là même signé son arret de mort ; désormais non seulement témoin des crimes de son mari mais surtout indigne de confiance, impure, et aussi dangereuse pour Barbe Bleue que toutes les autres avant elle ...
Et comme il le dit textuellement, ces femmes ne sont jamais davantage elles-même (c'est à dire ce qu'il aurait désiré qu'elles soient !) que dans la mort !
Mortes, elles ne représentent plus cette menace perpétuelle, cette remise en cause et cette inquiétude latente, inhérente à l'instauration (fragile !) de la toute-puissance masculine !


Statufiées, refroidies (dans tous les sens du terme !), conservées dans son grand congélateur, voici ces femmes enfin dignes, belles comme peuvent l'être les oeuvres d'art ou les objets précieux qu'il affectionne, lavées de leurs défauts (de leur humanité embarrassante !) et définitivement domptées !
Car, comme ces animaux chassés et brutalement abattus (une scène de chasse, justement, restitue avec insistance le parallèle, soulignant l'abattage du gibier (lièvre, chevreuil, renard, sanglier...) qui préfigure celui des épouses), les femmes se font l'incarnation d'une humanité soumise à des élans et à des pulsions jugées bestiales et méprisables !



L'oeuvre se révèle d'ailleurs beaucoup plus cohérente qu'il n'y paraitrait, brodant très logiquement sur les thèmes antagonistes de la sauvagerie et de l'humanité, du pur et de l'impur, du supérieur et du vil, encore crédibilisés et explicités par le nazzisme de son anti-héro.
Les préceptes révoltants de l'aryanisme, de l'épuration, du pouvoir et de la folie fournissent un contrepoint finalement bienvenu à la psychologie du personnage principal et à la modernisation et à l'exploitation du mythe.

Apparemment grotesques et méprisables, toutes ces femmes réunies s'avéraient finalement beaucoup moins ridicules que Barbe Bleue lui-même !
Suffisant, élitiste, honteux et amoindri, cachant ses tares et ses manques derrière sa richesse, une soit-disant bravoure et des orientations politiques extrêmistes et haineuses, l'homme a peur de la vie bien plus que de la mort et déteste tout ce qui peut ébranler un ordre et un immobilisme nanti qui confine à la sclérose et au néant !
Les mensonges et la violence du nazzisme se répercutent dans la vie et dans les réactions du monstre qui ne sait que se voiler la face, éviter les réalités et éliminer froidement tout ce qui le dérange.

Et cette sauvagerie finalement humaine des femmes n'est rien en regard de la sienne.
Barbe Bleue se croit très supérieur : son rang (il parle même un moment de sa "caste"!), les honneurs et la pompe dont on l'encense, sa richesse, son gout et son instruction, son intelligence et sa bravoure, cela ajouté à sa qualité d'homme (à elle seule synonyme de supériorité !) ... ; il se révèle, en fait, un malade pitoyable, un macho rassis et conservateur, un psychopathe délirant ... bref, un être non seulement dépourvu de véritable noblesse mais aussi de la moindre humanité !

Loin de faire l'apologie de l'abjection, "
Barbe Bleue" choisit pour héros, dans son décor des années 30, une danseuse américaine et un violoniste juif ; la première vengera toutes les femmes qui n'ont pas eu sa chance, le second sa famille que le monstre avait décimée !

Et malgré son apparente légèreté, cette impression parfois troublante d'un film "en roue libre", malgré sa dégaine de farce brouillonne et grossière, l'oeuvre déploie une logique et des détails qui prouvent que rien n'a véritablement été fait au hasard. Ainsi, peut-on s'amuser à décrypter chacune des 7 femmes de Barbe Bleue comme les incarnations successives des 7 péchés capitaux :
Virna Lisi, la chanteuse, uniquement préoccupée par elle-même et ses horripilantes vocalises, serait l'Avarice ;
Nathalie Delon, menteuse, obsédée par son apparence et ridiculement fière de ses attribus, se ferait l'Orgueil ;

La Luxure serait symbolisée par Raquel Welch, réduite à prendre le voile pour endiguer ses inclinations nymphomanes ;


Marilu Tolo, féministe, masculine et agressive (et finalement sadomasochiste !) représenterait la Colère ;

Agostina Belli, la Paresse : désespérément indifférente et oisive ;


Karin Schubert, jeune vierge demandeuse (et active !) serait la Gourmandise ;


Enfin, Anne (interprètée par Joey Heatherton) incarnerait l'Envie ; l'envie de savoir, l'envie de comprendre, l'envie de vivre ...

Et si effectivement, Anne se fait le vivant symbole de l'humanité (c'est la plus directe, la plus aimante, la plus compréhensive, la plus désinteressée, la plus courageuse de toutes ... ; elle s'attire même la sympathie de Marka, la vieille gouvernante, disposée à trahir son maître pour la mettre en garde ! ...), Barbe Bleue se révèle son exact contraire : Il s'avère monstrueux, froid, sec et toujours maître de lui ; il n'est pas vraiment un homme (son impuissance !), rien qu'un aristocrate frileux, passéïste et misanthrope ... Encore aggravés par les horreurs et la violence de la guerre à laquelle il participe atrocement, son indifférence et son mépris de la vie humaine s'avèrent incommensurables ! ( il est membre actif et influent du mouvement nazzi ( le Furher devait lui délivrer un message) ...)

Le film décline sciemment le flamboiement des couleurs primaires, remémorant bien d'autres incursions giallesques où le Rouge, le Bleu et le Jaune étaient ainsi ouvertement travaillés. Les combinaisons varient : Chambre écarlate aux faïences bleues, souterrains bleutés nimbés de jaune, rouge inondé du laboratoire photographique, bleus dorés du chateau sous la nuit, corridors et salons jaunâtres et ocrés ...
Et les vêtements et les accessoires rappellent les mêmes partis-pris : Mobiler, laine, baquet où l'on noie une ivrogne, drapeaux nazzis, rideaux et tapisseries, robe de chambre et étole, vin, chambre d'enfant pleine de vieux jouets et de toiles d'araignées ... : rouges comme le sang.




Clé d'or, chateau, lambris et dorures, chevelures, chaise électrique, feu et incendie, couloirs, boiseries, salle de réception, champagne, éclairages, carrosse et façades ... : jaunes (ou giallo ?)




Barbe, roses offertes par le monstre, escaliers, nuits, porcelaines, portrait majestueux du maitre des lieux, caves, chapelle, orgue, orage, boa de plumes, chambre à coucher, costume ... : bleus.



Les références à un gothique attendu sont évidemment nombreuses :
Chateau inquiétant, chambres et passages secrets, souterrains labyrinthiques pleins d'armures moyen-ageuses, de bas-reliefs et de sculptures, de portraits inquiétants et de toiles d'araignées, caves et galeries ténébreuses, orgue, lustres et trophées, instruments de torture (guillotine, chaise éléctrique ...), chapelle et cercueils, chasse, bal, réceptions, automate, carrosse, cadavres et sadisme ...




L'épisode purement référentiel au conte originel s'affirme également comme le plus délectable et le plus éminemment gothique : L'exploration du chateau et de ses sous-sols, les pièces anciennes, abandonnées et pleines de souvenirs inquiétants (cette salle remplie de mannequins sans tête, nouvelle évocation de la chambre aux cadavres), le climat onirique et angoissant qui va creshendo soutenu par les décors et les couleurs, l'isolement de l'héroïne, le vent et l'orage, la dépouille ensanglantée du chat accrochée dans les arbres et la terreur ... ; Enfin, la curiosité, la clé d'or et la recherche de ce qu'elle peut ouvrir, les essais infructueux puis la découverte de la serrure dissimulée dans les boiseries sculptées d'angelots du bureau, le passage-secret, le portrait de Barbe Bleue, la bague-sésame et la découverte du tombeau réfrigéré à l'intérieur duquel sont alignés les corps suppliciés des femmes ...



Et si ce monstre éternellement "fleur bleue" (barbe bleue !) espère et continue toujours sa quête de la femme idéale, se mettant à chaque fois en position de danger, si ces femmes finissent toutes également piègées dans la chambre secrète, le piège ultime, s'avère bel et bien le mariage ! A partir de là, tout se complique, se dramatise, se découvre et prend un tour viscéral et inéluctable. L'enfermement du couple débouche sur celui de ces malheureuses femmes dans le silence, la mort, un cercueil ou un réfrigérateur, sur l'enfermement final d'Anne que Barbe Bleue n'a même pas le courage de tuer de ses mains ... Enfermement prévisible et inévitable qui correspondait en tous points à celui de l'esprit finalement étroit, frileux et muselé du maniaque, à ses obsessions, à son château glacial, à sa haine de la vie ...



Et la mort, compagne familière du soldat, du tortionnaire SS et du sérial-killer, regroupés dans ce seul homme, se fait mode d'expression, réponse et solution. Les cadavres photographiés et immortalisés, les visages de chacune de ces femmes, dissimulés derrière des montages contrastés et entremèlés aux allures de volutes kaléïdoscopiques ou de tests de Roscharch, leurs corps congelés conservés tels des statues de cire sacralisent, déréalisent et pervertissent l'idée d'une mort désormais intègrée, célébrée, recherchée, compulsive ...

Barbe Bleue veut faire (et se faire) croire qu'il tue par nécessité, parce qu'il y a été poussé et contraint (et aussi, parce que, pour lui, ce n'est pas plus dérangeant que cela !) ; en fait, le monstre a le gout du sang et du meurtre, c'est son "truc", son péché-"mignon", sa drogue ... Pourquoi toujours recommencer et persister à séduire encore et encore, sinon ? Pourquoi collectionner avec tellement de recherche et d'ostentation ? Pourquoi conserver ces cadavres et accrocher ces photos comme on le ferait de trophées ... ?

Et l'esthète morbide est inspiré jusque dans ses élans criminels : Ainsi, la chanteuse exaspérante a-t-elle enfin le sifflet coupé. D'un coups de guillotine !
Erica, qui vient de s'abandonner imprudemment aux délices des amours saphiques est définitivement rappelée à l'ordre par l'empalement d'une défense d'éléphant phallique ;



La nonne extravertie se retrouve enfermée à jamais dans une chapelle et ses confidences sans fin s'étouffent dans un cerceuil hérmétiquement clos ;
Brigitte, l'alcoolique agressive finit noyée dans une cuve de vin rouge ;

La jeune indifférente, nonchalante et paresseuse comme une couleuvre, termine comme elle, dévorée par un rapace ; 
Greta, la vierge excèdée aux besoins trop impérieux, trop "bestiaux", meurt à la chasse, abattue après le sanglier ;
Anne, enfin, trop humaine, trop chaleureuse, manque d'être réfrigèrée jusqu'au point de non retour ... !

Les mises à mort sont brèves, efficaces, mais quelconques et elles manquent cruellement de spectaculaire. Les effêts sanglants s'avèrent assez chiches et leur mise en scène d'une regrettable platitude : Dmytryk n'est ni Bava, ni Corman, encore moins Argento ... Dommage ! Le sujet et cette adaptation même, auraient pu déboucher sur des barbaries baroques autrement plus marquantes et sophistiquées ! Et le film s'avoue finalement beaucoup plus bavard, grotesque et banalement raccoleur que véritablement sombre, créatif ou pervers.
Pourtant, si le spectacle et la vue se font des figures insistantes (spectacle de cabaret d'Anne et de Sergio ; défilé de mode et Opéra avec Erica ; "Show" incessant de la chanteuse ; exposition Kandinsky ; passion photographique de Barbe Bleue ; voyeurisme et surveillance continuel du monstre ; curiosité et découvertes successives d'Anne (la chambre de Marka, les visages derrière les tableaux, la pièce réfrigèrée aux cadavres ...)), le spectacle de la mort, moment-clé du conte et base de cette histoire et de son genre horrifique, méritait vraiment davantage d'attention et de recherche ...
Complexe, torturé, névrosé, mais finalement surtout lâchement supperficiel, le héro semble privilégier le regard et les apparences à des considérations plus intérieures, plus profondes et bien plus dérangeantes ! Il est attiré par la beauté un peu vaine de toutes ces femmes sans chercher à savoir ce qu'elle cache ; il est affilié à l'horreur négationiste, haineuse et barbare du nazzisme qui érige le mépris de l'autre, la violence et le refus de toute réflexion comme credos ; il cache ses secrets et ses failles comme les corps et les souvenirs de celles qu'il a si impunément éliminées ...
Typiquement mâle dans sa couardise et sa passivité, Barbe Bleue révèle en fin de compte (conte ?) toute sa fatuité, inspirant plus de mépris et de sourires moqueurs que d'effroi. Et le film d'épouvante, semblablement gangrené par la réalité pitoyable et ridicule de la bête, sombre définitivement dans le burlesque le plus lourdingue ! Du conte noir et brutal, il ne demeure que les oripeaux et les artifices d'un gothique d'opérette balancés en vrac, des poupées bavardes et le beau regard glacial de Richard Burton !

Dans un souffle, alors qu'il se sent mourir, Barbe Bleue, fusillé sur un quai de gare lache : "C'est vraiment trop ridicule ! " : Clairvoyance, conscience et aveu qui, à lui seul, valide, excuse et ne peut que déclencher au final toute notre sympathie !

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2 commentaires:
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