Attention, spoilers !

La plupart des critiques et des développements proposés dévoileront des indices et des informations qui pourraient fausser l'effêt de surprise et révèler les dessous et les résolutions des oeuvres citées ...

A bon entendeur ...


Que cela ne vous empêche pas de me visiter, de me lire et de me laisser vos remarques.

dimanche 17 février 2008

Suspiria ( part.3 )


SUSPIRIA
(3)



L'héroïne est campée par Jessica Harper vue chez Brian De Palma dans son "Phantom of the Paradise". Chez celui-ci on retrouvait un côté "seventies" mâtiné de psychédélisme mais également un humour corrosif et la réinterprétation du mythe passait par la satire.
De Palma mixait "Faust", "Le fantôme de l'Opéra"et "Rocky horror picture show"avec un style enlevé et très "glam-rock".

Ici, rien à voir. Pas de critique, pas de second degré, aucun humour, seulement l'étrangeté, l'angoisse, l'horreur et un parti-pris sérieux sans aucun décalage.
Au niveau de la
distribution du film, on note également Alida Valli (Visconti, Bertoluci, Franju...) en professeur raide et autoritaire et Joan Bennet dans le rôle d'une directrice faussement compréhensive.
Amusant d'ailleurs de retrouver ces deux grandes actrices emblématiques des maîtres et référents de Dario Argento : Alfred Hitchcock et Mario Bava pour "la Valli", Fritz Lang pour Bennet (sa femme (au portrait !)).


Malgré la "lisibilité", la simplicité de l'histoire et le fait que le manque de logique (assez fréquent dans les oeuvres du réalisateur) s'inscrive tout à fait, cette fois, dans l'intrigue fantastique, il subsiste des moments et des allusions étranges (et très réussis par ailleurs ) :


La scène où Suzy, quittant une salle de cours, est ensorcelée par une vieille domestique et un petit garçon.
Ils se tiennent immobiles dans le couloir. Ils fixent la jeune femme. La vieille astique un objet pointu et nacré (quoi ?) et soudain, la lumière jaillit, l'air révèle tout un scintillement de particules.
Suzy semble aussitôt frappée d'un mal inconnu. Elle regagne comme elle peut sa salle de répétition, le souffle court, pâle et toute en sueur ... ; là, elle ne tardera pas à s'écrouler, terrassée ...









Que s'est-il exactement passé ? Comment et pourquoi ?


Autre belle scène :
Le pianiste aveugle quitte une taverne. Il vient d'être renvoyé de l'école. Il regagne son domicile avec son chien. Il fait nuit, tout est incompréhensiblement vide et désert.

L'homme traverse une immense et lugubre place. Des ombres sinistres se mettent à danser sur les façades, son chien commence à aboyer sans s'arrêter , alerté par une menace invisible.
Et puis, comme un être en vol, une chose fond brusquement sur eux (le maléfice ? le sortilège ?). Rien de visible cependant.
Le suspens et l'angoisse montent d'un cran.
Et c'est lorsque la musique tonitruante et les aboiements du chien, soudainement calmé, prennent fin que l'animal saute à la gorge de son maître et le dévore.


D'autres étrangetés encore : bobines de fil de fer entreposées dans le grenier où l'on tombe et où l'on se noie (quelle pouvait-être leur utilité autrement ?) ;


Cette belle piscine ancienne où l'on paraît continellement observé et où rien ne se passe ;



Ces malles au grenier pleines de viande corrompue par les vers (quelle viande , et pourquoi dans cet endroit ?) ;
ces mêmes asticots qui infestent toute l'école ;




Cette salle de cours aux cloisons de draps tendus où l'on rattroupe les élèves le soir de l'invasion des vers ;
ces murs dans les chambres où se reflètent les ombres de l'extérieur ; ces murs encore, dans le grenier, qui respirent, comme doués de vie ;


Ces éclairages virulents et splendides, tantôt rouges, orangés, tantôt bleus, partout, toujours ( le rouge et le bleu dominant d'ailleurs tout le film dans des rapports constants (couloirs de l'école et salle de danse rouges / grenier et grand vestibule bleus) unis au jaune (la "salle jaune", autre salle de répétition, les ors du couloir secret).
Ces trois couleurs primaires seront réévoquées jusqu'au final dans le motif des trois iris (rouge, jaune et bleu) de la fresque dans le bureau (l'iris bleu se révèlant le "sésame" qui ouvre le passage sur le domaine secret des sorcières).



Tout cela, ces beautés, ces énigmes, c'est la "griffe" Dario Argento !


( à suivre...)

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