


JENIFER


Frank, un officier de police, est alerté par des hurlements ; il surprend un homme s'appretant à assassiner une jeune femme ligottée et sans défense.
Dans son intervention, Frank est obligé de tuer le malade qui meurt en prononçant ce mot : Jenifer.
Jenifer, c'est cette jeune femme au corps superbe mais au faciès incroyablement monstrueux, muette, sauvage, innocente et si seule ...
Frank, complètement impressionné et fasciné par cette créature, va rapidement la recueillir, succomber à ses assauts et ses appétits insatiables pour finalement se couper, petit à petit, du reste du monde.
Jenifer, femme-animal, bête de sexe et de mort, tout à la fois vampire et fantasme, et mangeuse d'homme dans tous les sens du terme, l'entrainera irrémédiablement dans une spirale destructrice qui se terminera comme elle avait commencé : très mal !
Jenifer, femme-animal, bête de sexe et de mort, tout à la fois vampire et fantasme, et mangeuse d'homme dans tous les sens du terme, l'entrainera irrémédiablement dans une spirale destructrice qui se terminera comme elle avait commencé : très mal !






La série connaitra d'ailleurs un tel succès qu'une "deuxième fournée" sera immédiatement mise en chantier !


Argento s'attelle donc à la tâche et réalise "Jenifer", une adaptation d'une bande dessinée horrifique de Bruce Jones.


Le format court et le principe de liberté totale (ou presque !) permettent au cinéaste d'accoucher d'un brulot sulfureux et extrême ; en même temps impitoyablement prévisible, jusqu'auboutiste, imparable et jouissif !
Avec "Jenifer", c'est un Dario Argento plus carré et plus direct que jamais qui s'exprime, signifiant qu'il n'a rien perdu de son talent, de son sens de l'image-choc et de son inspiration.
L'épisode s'avèrera d'ailleurs l'un des segments les plus réussis de la série.
L'esthète morbide et classieux fait ici plutôt figure de vieil élève indiscipliné et quelque peu obsédé.
Glauque et assez choquant, "Jenifer" oublie l'enrobage artistique et les références picturales pour l'épure, des cadrages très BD et le soucis de l'effêt sans fioritures.
Le sexe, tellement figuré, suggèré ou absent des productions antérieures, se révèle ici l'un des principaux moteurs de l'intrigue et des images.
C'est comme si Argento se lachait complètement après des années de sevrage.
Exemptes du film original (mais totalement explicitées dans les bonus des éditions DVD), les images les plus crues (une fellation et une castration atroce (à coup de dents !)) prouvent bien l'euphorie et la "candeur" du réalisateur.







Le monde est obsédé par le sexe et Jenifer, dont l'animalité, pourtant rebutante, attise immédiatement les pulsions les plus inavouées, utilise son pouvoir pour en démontrer toute la trivialité !
Cette histoire, comme un fantasme macabre et glauque, au grotesque et aux excès totalement assumés.
A commencer par son héroïne au corps de rêve mais au visage incroyable et répugnant :
Cette histoire, comme un fantasme macabre et glauque, au grotesque et aux excès totalement assumés.
A commencer par son héroïne au corps de rêve mais au visage incroyable et répugnant :
des yeux énormes et fixes, dépourvus d'iris, noirs et luisants ; un grand nez comme fondu, rattaché à une bouche complètement déformée, rongée, aux lèvres relevées, perpétuellement ouverte sur des dents énormes et pointues et sur une langue pustuleuse !
Une figure à jamais figée dans une grimace horrible et pathétique !
Jenifer dégoute, effraie et dérange.
D'autant qu'elle demeure une énigme : on n'apprendra rien d'elle, ni de son passé, de son origine, ni de la raison de cette apparence et de cette bestialité.


Car Jenifer, victimisée au départ, se révèle bien vite une bête sauvage, un être organique aux appétits sans limites.
Manger ou être mangé, tel est le principe qui traverse tout le film : la faim.
La faim de nouveauté, de sexe, d'abandon ...
La faim jamais rassasiée de Jenifer (qui va commencer par s'attaquer au chat pour continuer par la petite fille des voisins et pour finir, dans l'escalade, par des hommes !)

Le film s'ouvre d'ailleurs sur l'image de deux officiers de Police en train de prendre leur pause-repas en bordure d'un fleuve ; les nouilles sautées et rougeâtres, englouties à la va-vite, comme un motif avant-coureur des tripes et de la "barbaque" sanguinolentes où l'héroïne plantera ses crocs et tout son visage ...


La description d'un mode d'alimentation très "fast-food" ou d'un repas familial glacial et basique, va trancher avec la représentation spectaculaire des appétits cannibales et charnels de la fille-monstre (la chair dénudée et exhultante ou dépiautée, étripée, fouillée ; les corps comme de la viande dont on se repait puis dont on entasse les restes dans le réfrigérateur (voir le sort réservé au directeur d'un cirque !))



Frank y laissera son ménage, sa maison, son travail, son identité et pour finir ... sa vie !
Petit à petit, et tant malgré elle que justement à cause de ce qu'elle est, Jenifer va "bouffer" celui qui s'est lié à elle dès qu'il l'a vue et sauvée.
Petit à petit, et tant malgré elle que justement à cause de ce qu'elle est, Jenifer va "bouffer" celui qui s'est lié à elle dès qu'il l'a vue et sauvée.

Elle semble être arrivée pour combler le vide de l'existence de Frank (son couple est un ratage ; il n'a pas de rapports avec son fils ...)
Mais, le retour à l'animalité, à un état sauvage et primitif n'est, hélas, pas possible !

Frank aura beau se débattre (il essaie de se débarrasser de Jenifer, puis il tente de l'isoler en se "cachant" avec elle dans la forêt...), il n'y a rien à faire !
A la fois possédé et bientôt complice des meurtres du monstre (il enterre les restes des cadavres), le policier est contraint de fuir, de se cacher et de vivre en marge.
A la fois possédé et bientôt complice des meurtres du monstre (il enterre les restes des cadavres), le policier est contraint de fuir, de se cacher et de vivre en marge.


La solitude comme seule expérience de vie !
Seul dans son couple et dans sa famille, Frank se retrouvera encore plus isolé dans sa relation monstrueuse, totalement mis au ban d'une société où son "couple "hors-normes" ne peut trouver aucune légitimité.

Jenifer est une sorte de goule.
On songe d'ailleurs continuellement au vampirisme :
la morsure ; l'alliance attraction (sexuelle)/répulsion (danger) ; le sang et la viande humaine ; la transmission du Mal et la contamination (au début du film, Frank a sauvé Jenifer et il rentre chez lui ; Il découvre une blessure sur sa main dont il a le réflexe instinctif d'aspirer un venin pressenti) ; l'apparence de mort-vivant de Frank ; son fils qu'il surnomme ironiquement "le Prince des Ténèbres"...

Et l'oeuvre égrenne toute une série de références "gothiques" ( "Frankenstein" pour la scène de la petite voisine ; les monstres (Jenifer mais également les "Freaks" du cirque) ; la maison perdue dans la forêt ; les cadavres dévorés dans les caves ...)

(à suivre...)
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